Gentilshommes
verriers en Languedoc
Sommaire
I.
La
verrerie artisanale aux temps anciens.
II. Les verriers lorrains et
normands.
III.
Organisation corporative des verriers languedociens.
Faut-il
tre noble pour tre verrier ?
Le mtier de verrier anoblit-il ?
Conclusions.
ANNEXE 1 Liste
chronologique non exhaustive de textes sur les privilges
des verriers.
2 Visite de Thomas
Platter en pays verrier (1595).
3 Histoire de l'Arme de Cond
Theodore Muret Paris 1844.
Sources
BARRELET (James), La verrerie en France de
lĠpoque gallo-romain nos jours, Paris, Larousse,
1954.
LA GRANDE ENCYCLOPEDIE sous
la direction de MM Berthelot
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JOURDAN, Recueil gnral des anciennes lois
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ENCYCLOPDIE OU DICTIONNAIRE RAISONN DES SCIENCES DES
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SAINT-QUIRIN, Les verriers du Languedoc 1290-1790, fac-simil de
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PIGANIOL, Le verre, son histoire, sa technique, Hachette, 1965.
POCHET. LE COURVAL, Les Matres du verre et du feu, Perrin, 1998.
FAVIER, Dictionnaire de la France mdivale, Fayard, 1993.
MOURRE, Dictionnaire encyclopdique dĠhistoire, Bordas, 1996.
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LE ROBERT, Dictionnaire alphabtique et analogique
de la Langue Franaise, Paris, 1980.
WERNER (Karl Ferdinand), Naissance de la noblesse, Fayard, 1998.
Denis de la Roque, sieur de la
Combe, un de mes anctres, qui vivait au XVIIesicle
Lespinassire, petit village de la Montagne Noire, aux
confins de lĠAude, du Tarn et de lĠHrault, tait dit
Ç gentilhomme verrier È. Qui taient ces
gentilshommes, pourquoi et comment se disaient-ils
nobles ? La question peut encore soulever des passions
chez leurs descendants. LĠobjet de cette note est de
proposer quelques documents pour clairer le dbat.
I. La
verrerie artisanale aux temps anciens.
On sait fabriquer du verre, le faonner et le dcorer
depuis la plus haute antiquit.
Produit de lĠart
du feu le verre, comme le bronze, apparat vers le IIIe
millnaire av.J.-C.. Fragile et coteux, le verre nĠest
utilis alors que comme objet de
luxe : bijoux, flacons parfum. Quant la technique du
soufflage, dĠaprs les historiens, elle ne se serait rpandue
que peu de temps avant le dbut de notre re.
Le verre est
obtenu en portant un mlange de sable et dĠÒalcaliÓ
une temprature dĠau moins 1300Ħ. LĠalcali dsigne ici des
sels de potassium et de sodium. On extrayait, le nitre (dĠo le symbole
Na du sodium), qui est du
carbonate de sodium - dont on connaissait les proprits
dgraissantes -, au Moyen Orient dans des gisements
naturels ; la roquette tait produite
par combustion de plantes du dsert ou du littoral
mditerranen ; lĠune dĠelle, le kali ou cali, mot dĠorigine arabe
dĠo vient lĠalcali, a donn le
symbole du potassium, Ka ; plus tard on utilisa les
cendres de vgtaux courants, riches en sel de potasse - par
exemple des cendres de fougre, ou plus
simplement de bois de htres (fau) -, les mmes que celles qui
taient utilises pour faire la lessive. Les verreries du
Languedoc utilisaient la Òpierre de salicor[2]Ó. Quoique en dise
lĠEncyclopdie, ces verreries parvenaient faire des
productions de qualit comme cette aiguire. La verrerie
installe dans la clairire de Peyre Moutou (Fort domaniale
de Nore au Sud-Est de Mazamet) produisit des pices figurant
dans les muses ou les collections prives.
Aiguire,
Languedoc,
fin
XVIIe, Col. Barrelet.
Il est
remarquable que les anciens, qui nĠavaient aucune connaissance
de notre chimie moderne et de notre analyse en lments
atomiques (silicium, sodium, potassiumÉ) et sĠen sont tenus
jusquĠ la fin du XVIIIe
sicle aux notions des quatre ÒprincipesÓ, la terre, lĠeau, le
feu, lĠair, aient pu, par leur seule exprience, accumule en
secrets de fabrication et en savoir-faire, parvenir
matriser la fabrication du verre que nous ne comprenons que
depuis peine plus de deux sicles. Les descriptions de la
verrerie dans lĠEncyclopdie (1751-1772) font encore appel
la ÒphlogistiqueÓ, et ce nĠest que peu de temps aprs, par les
travaux de Lavoisier (1780-1790), que la chimie analytique
devint oprationnelle.
On apprit depuis
que le verre tait un silicate complexe qui, en se
refroidissant, ne parvient pas normalement l'tat crisallin
- dĠo son tat pteux - et ncessite, pour rduire sa
temprature de fusion, un fondant, oxyde de sodium
ou de potassium. Un stabilisant, comme la chaux
permet dĠviter quĠil soit la longue soluble dans lĠeau. En
mlangeant de la magnsie la chaux on vite le phnomne de
dvitrification (cristallisation intempestive du verre
pendant sa solidification). Pour obtenir des verres plus
blancs, qualit recherche pour la table, on emploie le
bioxyde de manganse, MnO2 qui, en les oxydant,
rduit les sels ferriques, Fe2O3, et
dcolore le verre. Les cendres de bois de htre qui en
contiennent pouvaient remplir ce rle. Quant aux verres
colors, largement utiliss au Moyen ċge dans la fabrication
des vitraux, ils sont obtenus par lĠaddition dĠoxydes
mtalliques, cobalt, cuivre, fer, manganse, nickel. Ces
lments taient contenus dans les impurets des sables
utiliss alors et dont lĠorigine suffisait expliquer les
proprits colorantes. CĠest ainsi que,
lĠpoque de la Haute Egypte, on pouvait obtenir de
splendides objets bicolores comme ce vase en illustration
ci-dessus.
Pour obtenir un
verre de qualit adapte son usage les proportions de
silice, de fondant, et de stabilisant doivent se tenir dans
des limites assez troites ( environ 60 75% de silice, 10
15% de fondant et autant de stabilisant). Or nos verriers
nĠavaient aucun moyen analytique ; leurs techniques
taient purement empiriques. Ils essayaient des mlanges de
sable et de cendres dans des proportions variables, allant par
exemple de 2 7 parties de cendres pour 8 dans le mlange et
retenaient celle qui donnait le meilleur rsultat
(Encyclopdie). Le rle de la chaux comme celui du manganse
tait inconnu mais non leur effet. La encore ce sont les
matires premires, sable ou cendres, faites de mlanges qui
les fournissaient. De tout temps on a ajout des verres de
rebut au mlange, le calcin ou groisil ; incorporer une
matire premire de qualit connue tait le meilleur moyen
pour contrler la qualit de la production. CĠest ainsi quĠ
Venise au XVe sicle le doge Contarini avait conclu
un trait avec le prince crois dĠAntioche, Bohmond VI pour
organiser lĠexportation de verres syriens
briss. Vers 1750, noble Jacques de la Croix de la
Roque, syndic des gentilshommes verriers du Bas-Languedoc
(voir ci-dessous III lĠorganisation de la profession dans ce
ÒdpartementÓ) Ç supplie le baron dĠAsfeld, intendant de
la Province, de dfendre le transport hors du Languedoc du
verre cass È, transport dont on sĠest Ç avis
depuis quelque temps et dont il rsulte que le verre
actuellement fabriqu nĠest pas aussi solide que lorsquĠon
pouvait y adjoindre du verre cass È. Le syndic demande
3000 livres dĠamendes pour toute personne qui contreviendrait
cette dcision.
(Piganiol)
Trs
schmatiquement et en simplifiant, la fabrication peut tre
dcrite de la manire suivante. Dans le four deux tages
reprsent ci-dessus, le bois, combustible pratiquement unique
jusquĠ lĠre industrielle, est introduit par les arches
infrieures ; la chemine se trouve au centre ; il
faut brler environ deux cents stres de bois pour produire
cent kilos de verre. Par les portes de lĠtage suprieur, les
creusets en terre rfractaire, appelsÇ pots È et
contenant le mlange fondre, sont dposs sur la sole.
Lorsque celui-ci est temprature convenable, le
Ç cueilleur È vient, avec sa canne, extraire du pot
une certaine quantit de verre en fusion puis passe sa canne
au Ç bossier È qui obtient par soufflage et diverses
manipulations lĠobjet recherch. Des oprations de recuit
peuvent tre pratiques dans le four reprsent lĠarrire
sur lĠillustration.
JusquĠau
Moyen
Age, sauf pour des motifs dcoratifs, on ne fabriquait pas de
verres plats. La production tait limite la gobeleterie, verres,
flacons, vases, coupes etc. Les vitres taient pratiquement
inconnues. La fabrication des vitraux, puis celles de vitres
pour garnir les ouvertures des maisons, conduisit la
fabrication de verres plats, appels Ògros verresÓ, obtenus
toujours partir dĠune bauche souffle. Deux procds
taient en vigueur celui du manchon ou cylindre, par
lequel, aprs avoir fabriqu une sorte de bouteille, on en
dveloppait le cylindre en le coupant suivant une gnratrice,
et celui du plateau qui consistait obtenir une sorte
de disque par centrifugation de la goutte de verre en fusion
autour dĠune canne ; le disque tait ensuite dcoup en
rectangle. LĠinvention de ce procd au XIVe sicle
est due un verrier normand qui reut
cette occasion des privilges de Philippe le Bel. Ce fut le
dbut dĠune certaine spcialisation de la Normandie dans la
fabrication des verres plats qui ncessitait un grand
savoir-faire. Le Languedoc se limitait la gobeleterie et les
rares fabrications de verres plats y furent produites par des
verriers venus dĠautres rgions (Saint-Quirin signale un
Thietry dans la Montagne Noire
prs dĠArfons en 1642 et un Hennezel au bois de Cayroulet non
loin de l. Tous deux sont des Lorrains).
Gros
consommateurs de bois les fours taient installs dans les
forts ou proximit immdiate. On estimait deux mille le
nombre de verreries en France au XVIe sicle
(avant-propos historique de la rdition de lĠouvrage de
Saint-Quirin). Ë lĠpoque gallo-romaine, les vestiges de
verreries dans la moiti sud sont pratiquement inexistants, en
dehors de la valle du Rhne au dessus dĠOrange. Barrelet a
relev 178 tablissements connus du Moyen-Age nos jours. Ils
se rpartissent en sept Ç rgions È : au Nord
de la rgion parisienne, en Haute Normandie, en Lorraine, dans
le Centre, la Vende, le Languedoc et une partie de la
Provence (rive gauche du Rhne). Ë la diffrence de
lĠAngleterre qui avait rendu obligatoire le chauffage des
fours au charbon ds le XVIIe sicle, la tradition
du chauffage au bois subsista.
En Languedoc, la pression des pouvoirs publics (tats du Languedoc et administration des Eaux et Forts), soucieux de conserver les forts, conjugue la concurrence des manufactures du Nord, conduisit la fermeture progressive des verreries partir du milieu du XVIIIe sicle. Les quelques verreries au charbon qui parvinrent sĠinstaller ne durrent point lĠexception de celle dĠHrepian prs de Bdarieux (34), qui rsista jusquĠ lĠaube du XIXe sicle. Ë Moussans, dans le Tarn, taient encore en activit jusquĠen 1893 un four bois et un four charbon (Saint-Quirin).
Par des lettres
de 1448, renouveles en 1469 et 1526, Jean de Calabre avait
concd des privilges exceptionnels quatre familles
lorraines (Annexe 1). Il est possible quĠelles
fussent dj nobles. En tout cas leur noblesse est
confirme ; leurs membres sont tenus pour chevalier,
grade suprieur celui de simple cuyer. Les
privilges quĠils reoivent dpassent mme ceux de la
noblesse. Ainsi, outre les privilges fiscaux dont jouissaient
les nobles (exemption de taille, des aides etc. ), auxquels
sĠajoutaient les droits de pturage de pche et de chasse, ils
sont exempts des droits dĠost (service des armes d par le
vassal), de giste (hbergement
des troupes), et de chevauche
(service des armes limit une campagne). Ces privilges sont
tendus aux Ç ouvriers de verre È (Barrelet). Les
Ç gentilshommes verriers È, part peut-tre
quelques propritaires, nĠtaient-ils
pas des artisans vivant dĠun travail qui est avant tout
manuel, ce qui permettait de les assimiler
des Ç ouvriers È, certes de grand talent (voir
ci-dessous la vie dĠun gentilhomme verrier normand) ? Les
privilges exorbitants concds au XVe sicle en
Lorraine furent battus en brche, dĠune part par
lĠadministration notamment en ce qui concerne lĠexploitation
des forts, et dĠautre part par la noblesse elle-mme dont les
reprsentants ne voulurent plus voir siger cot dĠeux dans
les assembles les gentilshommes verriers. Par des actes de
1522, 1573, et 1585 ils obtinrent que le gouvernement ducal de
Lorraine restreigne leurs privilges (Lami).
Des statuts
semblables ceux de la Lorraine sont donns en 1448 par le
roi Ren[3] aux verriers de
Provence.
Pour la Normandie, lĠhistoire a
retenu aussi quatre familles, qui seraient descendantes des
ducs de Normandie (Piganiol) : les Caqueray, les
Brossard, les Bongars et les Le Vaillant (Barrelet). Point
nĠest donc besoin de les anoblir mais ils auront le privilge
de pouvoir exercer leur mtier sans droger. LĠun dĠeux,
Philippe de Caqueray, cuyer, sieur de
Saint-Imes, reut en 1330 du roi Philippe VI le privilge
dĠtablir une verrerie proche de Bezu-la-Fort (Eure) nomme
verrerie de la Haye (Piganiol), moyennant une redevance
annuelle de trois livres ou vingt boisseaux dĠavoine. Il y mit
au point le procd de fabrication de verre plat Òau plateauÓ
(voir ci-dessus).
LĠacte (Pochet)
remis par Anne Marie Louise dĠOrlans (la duchesse de
Montpensier) Andr de Monchy, pour exploiter deux verreries
au Courval le 22 octobre 1671 est une Ç concession È
assortie de dispositions dĠordre conomique (le cahier des
charges). Cet acte confirme lĠautorisation dĠexploiter deux
verreries en un lieu bien dfini de la fort dĠEu, avec le
droit dĠuser du bois ncessaire (ce qui ne peut se faire
quĠavec la permission du roi, qui dtient le pouvoir sur les
forts). Le bnficiaire sĠinterdit de faire des dgts ou
dĠen laisser faire par ses employs. Il ne devra pas acheter
du bois en dehors de ladite fort (exclusivit). Quand aux
autres privilges, notamment fiscaux ainsi que de non
drogeance, ils sont fixs par dĠautres rglements et ne sont
pas voqus.
Piganiol utilisant lĠouvrage, paru en 1873, de Le Vaillant de la Fieffe, un descendant des verriers normands, donne des extraits du journal dĠun de ces Ç gentilshommes È, Le Vaillant de Charny, n en 1725. Il note que, lorsquĠil nĠtait pas propritaire de sa verrerie, ce qui tait souvent le cas, le verrier sĠengageait pour la dure dĠune campagne : la rveille. Ë dix-huit ans, Le Vaillant de Charny commence travailler comme Ç cueilleur È raison de 40 sols par jour, puis, au cours dĠune deuxime campagne il devient bossier et souffle le verre. Au cours des campagnes successives il devient plus expriment et son salaire progresse ; en 1748 il a vingt-trois ans et gagne 3 livres 10 sols par jour, en 1750 il gagne 4 livres par jour. Le travail tait dur, douze heures par jour au moins. Le matre donnait le gte et le couvert, et le personnel de la verrerie entretenait son cheval et son chien. Le dimanche, aprs la messe, le gentilhomme, lĠpe au cot rendait visite ses amis ou, si la verrerie tait trop isole, restait avec le matre de la verrerie parler ou jouer (voir aussi in fine annexe 2).
III.
Organisation corporative des verriers languedociens
(Saint-Quirin).
Ë la mme poque,
en 1445, Charles VII octroie des privilges aux verriers du
Languedoc. Nous en donnons un rsum adapt une forme
moderne. Nous reviendrons sur le caractre noble et
hrditaire de la profession dtaillant seulement dans ce
chapitre son organisation et les privilges commerciaux et
fiscaux associs.
1Ħ La ÒcharteÓ
cre une juridiction spciale pour les
verriers ; son sige est Sommires, ville du Gard au Nord-Est de Montpellier, alors
place forte royale dont le capitaine est viguier, fonction
analogue celle de prvt dans la France du Nord (Favier). Le
viguier de Sommires est juge et conservateur de ces
privilges.
DĠaprs
Saint-Quirin, la juridiction est divise en cinq dpartements
[circonscriptions] verriers :
a) Haute-Guyenne,
comprenant les Comts de Foix et dĠArmagnac, les diocses de
Comminges, Couserans, Rieux et Auch,
b) Fort de
Grsigne [au Nord dĠAlbi], avec lĠAlbigeois, le Rouergue, le
Bazadais [Prsidial de Bazas dans le Bordelais],
c) Moussans et
Fourtou, comprenant les diocses de Narbonne, Alet et
Saint-Pons,
d) Vivarais
limit au ÒMjannaisÓ, avec les forts de Mjannes et de
Lussan,
e) Bas-Languedoc,
soit les diocses de Nmes, Bziers, Maguelonne, Agde, Lodve,
Montpellier.
LĠtendue de la
juridiction dborde le Languedoc proprement dit et semble
correspondre approximativement celle du Parlement de
Toulouse.
Il y avait un
syndic reprsentant les verriers par dpartement et pour
lĠensemble un syndic gnral et quatre procureurs (assemble de 1656).
2Ħ Le viguier de
Sommires a lĠexclusivit de la justice pour les
verriers ou leurs famille : Que ce soit en matire civile
ou criminelle ils ne rpondent que devant lui et non devant le
juge sculier ou ecclsiastique. SĠils subissent des dommages
de tiers, cĠest au procureur du roi et, en partie devant ledit
conservateur quĠils devront en rpondre.
3Ħ Les
marchandises et les matires premires circulent librement,
sans pages et autres subsides et droits aux entres et
sorties du royaume.
4Ħ Les nobles
verriers sont exempts dĠimpts y compris sur
les achats et ventes de btail, de bl ou de produits
agricoles sĠil sĠagit de leur propre production.
5Ħ Leurs matires
premires et le bois sont pays Ç lĠestime È et
Ç sans contredit È [de gr gr sans enchres].
6Ħ Nul verrier
tranger ou hors du royaume ne peut importer sa marchandise en
Languedoc [cependant on ne note pas dĠexclusivit
lĠintrieur du royaume].
7Ħ Pour prix de
ces exclusivits chaque four en activit doit payer au roi une
rente annuelle [redevance[4]]de
40
sols
tournois.
8Ħ Cette rente
nĠexempte pas les nobles verriers du service des armes [ceux de
Lorraine en sont exempts], et en cas dĠempchement ils sont
tenus dĠenvoyer un remplaant et de pourvoir son quipement.
9Ħ Les
fournisseurs de soude rpondent devant le procureur des
fraudes dont ils seraient responsables.
10Ħ Pour
enregistrer leurs conseils, actes, procs et autres affaires,
et recevoir le serment des nouveaux verriers, les nobles
verriers prendront un notaire audit Sommires.
Saint-Quirin rend
compte de quelques assembles des gentilshommes verriers
tenues Sommires au XVIIe et au XVIIIe sicle
la demande des syndics de verriers de lĠun ou lĠautre des
dpartements.
Lors de
lĠassemble tenue Sommires en avril 1656 devant Gaspard de
la Croix de Castries[5],
gouverneur de la ville, o se prsentent, eux ou leurs
reprsentants, dĠaprs la liste de Saint-Quirin, environ
soixante-cinq verriers (dont une dizaine de La Roque),
lĠessentiel des rsolutions concerne lĠinterdiction dĠaccs
la profession de non nobles.
En 1660, un
nouveau gouverneur est nomm, Trmolet-Bucelly, marquis de
Montpezat, Ç juge n en cette qualit des privilges des
gentilshommes verriers du Haut et Bas-Languedoc, Haute Guyenne
et Comt de Foix È. Le nouveau gouverneur ne trouva pas
le temps [ !] jusquĠen 1669 dĠaller prter Toulouse le
serment exig par sa charge. Il fut remplac en 1672 par son
fils an Louis de Bucelly.
Une assemble se
tint en septembre 1718.
La dernire eut
lieu les 7, 8, 9 10, et 11 octobre 1753 ; le vicomte de
Narbonne tait alors Ç capitaine viguier et gouverneur de
Sommires È. La convocation de lĠassemble, faite la
demande du syndic du Comt de
Foix, et plusieurs fois retarde, sĠchelonna sur deux ans. Le
pointage de la liste de Saint-Quirin montre environ 165
participants, certains arrivant dans les derniers jours. Une
forte incitation la prsence (ou la reprsentation) est
requise : Ç les verriers dfaillants sont condamns
lĠamende de 1000 livres, la dmolition de leurs fours et la
confiscation de leurs outils È. Comme en Normandie et en
Lorraine, mais sur des units probablement plus petites,
consacres uniquement la gobeleterie et aux bouteilles, on
retrouve toujours les mmes familles : les Robert,
omniprsents en diverses branches, les La Roque ou Laroque,
galement trs reprsents, les Verbigier, les Grenier, les
Noguiez les Aigaliers, les Azmar
et quelques autres.
Comme
prcdemment, les rsolutions de lĠassemble concernent
essentiellement la rglementation de lĠaccs la
profession : interdiction dĠaccepter des trangers
non nobles, ou de faire socit avec des roturiers, obligation
aux nouveaux inscrits, surtout les trangers, de faire leurs
preuves devant les syndics de leur dpartement, interdiction
tout gentilhomme de vendre ou faire vendre ses produits au
dtail hors de sa verrerie, sous peine de drogeance (cette
vente doit tre faite par les marchands). Ç Toutefois ses
domestiques et valets pourront transporter dos de mulet ses
ouvrages dans les magasins des marchands qui ont fait lĠachat
en gros. È
LĠhrdit du
mtier de verrier nĠempchait pas les fils de faire leur apprentissage pour lequel des
contrats taient passs en bonne
et due forme comme pour dĠautres mtiers.
LĠassemble de
1753 livrait un combat dĠarrire garde.
La conservation
des
forts, dont lĠexploitation, vitale pour lĠconomie de
lĠpoque et la construction navale, tait un droit
rgalien, donnait des inquitudes ceux qui
taient chargs de la contrler. Le souci de prserver les
ressources naturelles, que nous appelons respect de lĠenvironnement, nĠest pas
seulement une proccupation actuelle.
Les tats
Gnraux du Languedoc [le Conseil Rgional dĠaujourdĠhui]
avaient dcid en janvier, fvrier 1725 :
- quĠil serait
dfendu dĠavoir des chvres [sic !] dans les communauts
[entendons les communes],
- Ç que les
verreries du Bas-Languedoc ne pourront plus travailler cause
de lĠexcessive consommation des bois, sauf ceux qui voudront
consentir de les tablir lĠEspron [au Sud-Est de lĠAigoual]
ou autres montagnes dont le bois ne peut tre dĠaucune utilit
pour les habitants de la Province È.
Les forts
tant soumises au contrle royal, il appartenait au Conseil
dĠtat de se prononcer. Un arrt fut pris le 7 aot 1725 aux fins
dĠarrter le dboisement et de contraindre les verriers se
dplacer dans les rgions montagneuses et ne travailler que
six mois par an. Aussitt les gentilshommes verriers y font opposition
et leur syndic, qui est alors un de la Roque, expose
que Ç les montagnes o on veut les relguer sont
inhabitables È. Ils nĠont pas de lettres patentes [qui,
comme pour les verreries normandes, seraient de vritables
titres autorisant lĠexploitation], mais ils revendiquent
Ç une ancienne possession que personne ne peut leur
contester. De plus ils ont pay au roi la confirmation de
leurs privilges [la redevance] È.
Les choses restent en lĠtat jusquĠen 1743, date laquelle Anceau de Lavelanet, grand matre des eaux et forts en la Province de Toulouse demande une expertise. Jean Pitot et Pierre Souche, procureurs du roi, sont nomms en avril 1744 commissaires enquteurs avec pour mission de trouver des implantations convenables pour les verreries du Bas-Languedoc [les seules qui semblent avoir t vises]. Ils partent en tourne vers le Rouergue et le Gvaudan, visitant au passage Rauret, Baumes (causse de Cazenove), Rouet, le bois de Montguilhem. Mais le mauvais temps les surprend [nous sommes pourtant au printemps] ; ils trouvent de la pluie et mme de la neige dans lĠEspron. LĠenqute reprend en juin par Bancels, Saint-Flix-de-Paillres, Bagards, Saint-Christol, Saint-Hilaire, le bois du Liron au nord de Lasalle, puis lĠEsprou, les Aubrets. Ils redescendent par le Vigan. En 1745, le roi ayant accept leurs conclusions, ils repartent pour les faire appliquer. Il faut noter que les frais dĠexpertise, dont nous connaissons le dtail, sont rgls par le syndic des verriers (Fulcrand de Laroque). Certains ont un sursis de sept ans pour sĠinstaller dans le Rouergue. En 1756 on constate que certaines verreries nĠont pas dmnag. Il nĠy a plus trace dĠactes administratifs jusquĠ la Rvolution (Saint-Quirin). On sait quĠalors il nĠy a pratiquement plus de verreries en Languedoc, part une ou deux verreries au charbon et une verrerie au bois Moussans.
Il est trs
difficile pour le non spcialiste de dfinir la notion de
noble Ç en tant quĠappartenant la noblesse È,
second Ç ordre È de lĠAncien Rgime. Nous donnons
deux dfinitions encyclopdiques.
ALPHA, article Noblesse :Ç Groupe
social auquel lĠautorit souveraine reconnat, par la loi,
des droits et privilges transmissibles hrditairement. È
Le ROBERT,
article Noble : Ç Qui est lev au
dessus des roturiers par sa naissance, par ses charges ou
par la faveur du prince (Furetire) et appartient de ce fait
une classe sociale privilgi dans lĠEtat. È
(de nos jours en
France) : Ç Qui possde des titres hrditaires
le distinguant des autres citoyens[6]. È
Nous extrayons de
lĠarticle cette citation de Furetire : Ç Les
vrais Nobles sont les Nobles de race, de sang, dĠextraction.
Les nouveaux Nobles sont ceux qui ont t anoblis par leurs
charges, par leurs emplois et particulirement par les
militaires. Les Nobles par lettres sont ceux qui ont obtenus
lettres du Prince pour jouir du privilge des Nobles. È
Ë lĠarticle Noblesse le Robert
rappelle lĠarticle 259 du Code Pnal qui punit lĠusurpation
dĠun titre de noblesse.
Nous notons que,
par la premire dfinition, cĠest le groupe social qui est
reconnu noble par la loi, alors que pour la deuxime, la
noblesse Ç tant la condition du noble È, cĠest lui
qui est reconnu : lĠoctroi de la noblesse est alors
individuelle. Dans tous les cas il faut un document pour reconnatre
le noble, (lettres patentes individuelles ou certificat
dĠappartenance au groupe anoblissant). Quant au caractre
hrditaire - soit des privilges y attachs, soit
du titre lui-mme - il est coexistant avec lĠtat noble. La
difficult cĠest que la notion de Ç noble È, au sens
que nous recherchons, sĠest dfinie au cours des sicles
depuis lĠpoque carolingienne[7]
travers des institutions et sous une
Ç autorit souveraine È dont lĠexpression volue
progressivement de la tradition aux textes rglementaires[8].
Ç La
noblesse de race tirait son origine des anciennes familles
fodales, le roi se limitant entriner un tat de fait et
le consacrer juridiquement È(Alpha). Au haut Moyen ċge,
Ç le noble est essentiellement le soldat qui combat
cheval, le chevalier È (Mourre). Il reoit une
formation militaire et morale consacre par la crmonie de
lĠadoubement. LĠorigine militaire est complte
par la possession dĠun fief[ 9]qui confre un
droit hrditaire. Ç ÒPoint de seigneur sans terreÓ,
disait‑t‑on, et le fief devint Ç terre noble È
(Mourre). È CĠest lĠpoque fodale ou le seigneur,
noble, jouit de droits rgaliens (guerres prives, droit de
battre monnaie, de lever des impts etc.).
Ç Ds le
rgne de Philippe le Bel[10]
apparut lĠanoblissement par Òlettres royauxÓ, ce qui crait
une nouvelle noblesse, diffrente de la noblesse fodale, et
devant entirement son lvation au roi È (Mourre) .
Comme les offices ces lettres devinrent vnales, Louis XIV en
fit un large usage.
Avec la fin de la
fodalit au XVIe sicle sĠamora le dclin de la
noblesse. Ç La plupart des nobles taient rduits la
pauvret (Mourre, citant La Noue). È Ç Un certain
nombre dĠemplois, offices ou charges entranaient
lĠanoblissement automatique de leur titulaire (Robert). È
CĠest lĠapparition de la noblesse de robe, et de la noblesse
de
cloche lies des offices. On pouvait acheter
leur transmission hrditaire (la paulette 1604). Parfois tout
un groupe tait anobli : Ç Un dit de 1649 accorda
la noblesse hrditaire aux membres du Parlement de Paris
(Mourre). È Ç DĠaprs Necker, il y avait, la fin
de lĠAncien Rgime, environ quatre mille charges anoblissantes
(dĦ). È
Le noble ne
devait pas sĠadonner des activits lucratives sous peine de
dchance, mais Ç en de nombreux endroits les
usages permettaient aux nobles dĠexercer des arts
mcaniques[11] ; le roi autorisa
la noblesse se livrer au commerce maritime (1629), au
commerce de gros (dits de 1701 et 1765), et crer une
manufacture royale.
Ç Ds le XVIe sicle apparut la multiplication des faux nobles : lĠordonnance de Blois (1579) confirma pourtant que lĠacquisition dĠun fief ne donnait pas droit automatiquement la noblesse, mais toutes sortes de gens de robe, de ngoce, de finance, ayant achet un fief, Ò vivaient noblementÓ, sĠefforaient dĠchapper la taille et russissaient se faire passer pour nobles(dĦ). È Les recherches ne russissaient pas toujours dmasquer les usurpateurs. Ç Si [lĠun dĠeux] russissait faire reconnatre par un tribunal la paisible possession de privilges nobles depuis cent ans, sĠil pouvait convaincre les commissaires du roi chargs de dmasquer les faux nobles, il devenait juridiquement noble par des lettres de maintenue de noblesse (Alpha). È Nous connaissons une administration gouvernementale contemporaine charge de financer le caractre innovant dĠun projet et dont un dirigeant disait avec humour : Ç un projet innovant est celui que notre administration qualifie dĠinnovant È. Il en est un peu de mme avec le caractre Ç noble È dĠun individu : est noble celui que la puissance publique reconnat noble !
Faut-il tre noble pour tre verrier ?
Ç La principale [interrogation] consiste se
demander si cĠest le mtier qui confre la noblesse ou la
noblesse qui donne accs au mtier. Les gentilshommes verriers
(É) sont trs attachs la seconde explication (É)
(Pochet). È Un proverbe tait avanc pour soutenir cette
thse : Ç Pour faire un gentilhomme verrier, il faut
dĠabord prendre un gentilhomme È. Mais cet adage peut
tre compris dans un sens tout diffrent : si lĠon est
pas gentilhomme on ne peut devenir gentilhomme verrier mais
rien nĠempche dĠtre verrier. DĠailleurs Henri IV dans les
dits de 1603 et 1604 avait clairement prcis : la
profession de verrier ne suppose pas la noblesse (Voir annexe 1).
Selon lĠexpression de Beneton de Perrin (cit par Barrelet) le
mtier de verrier Ç devenait noble entre les mains dĠun
noble et restait roturier dans celles dĠun roturier È. En
Lorraine et en Normandie, des privilges de verriers ont t
accords des nobles. Comme le remarque Piganiol ces hommes,
dtenteurs du prestige et des secrets qui sĠattachent lĠart
du feu, taient exercs
au commandement, et souvent lis des fiefs dont les forts
constituaient un patrimoine essentiel. Leur privilge
essentiel ce fut dĠobtenir le privilge, assorti souvent
dĠexclusivit, de pouvoir exercer leur art sans droger (dits de 1603 et
1604).
Par ailleurs,
comme montre le paragraphe suivant, des privilges
anoblissants ont t concds aux verriers au XVe
sicle. Les dits de Henri IV
avaient aussi pour but de les restreindre.
Le mtier de verrier anoblit-il ?
Les soi-disant
privilges de Philippe le Bel aux verriers de Champagne tant
contests (Barrelet), le premier texte cit par les ouvrages
consults est celui de Philippe VI en 1339 (Voir annexe 2)
qui, constatant la noblesse dudit mtier, le
rend hrditaire, comme le devinrent par la suite
dĠautres mtiers (Mourre, article corporations). CĠest encore
la noblesse du mtier qui est invoque par Charles VI en 1399
(Voir annexe 2) pour ÒassimilerÓ en quelque sorte les verriers
de Mouchamps la noblesse en leur confrant les mmes
privilges.
Au milieu du XVe
sicle, une poque o lĠorganisation fodale disparat
progressivement, trois rgions[12]
ÒverriresÓ reoivent des chartes anoblissantes : le
Languedoc rattach la couronne de France dont le roi est
Charles VII, la Lorraine et la Provence, qui ont toutes deux
alors pour souverain le ÒRoi RenÓ. Nous remarquons que ces
textes sont contemporains : 1445 pour le Languedoc, 1448
pour la Lorraine et la Provence. Nous avons vu que les
Lorrains avaient reu les privilges les plus larges,
dpassant ceux mmes des nobles qui avaient ragi.
Saint-Quirin[13]
nous fournit la charte languedocienne. Aprs avoir comment
ci-dessus la partie ÒcommercialeÓ, nous en rsumons les
articles relatifs au statut des verriers.[14]
LĠarticle premier
fait obligation au verrier dĠtre Ç noble et procr
de noble gnration et de gnalogie de verriers È. CĠest cet
article qui fonde les gentilshommes verriers se dire
Ç nobles dĠancienne gnration È. Saint‑Quirin, dont
lĠouvrage comporte quelques belles envoles lyriques, reprend
lĠide que Ç les familles verrires remontent la plus
ancienne noblesse È. Remarquant que plusieurs ont des
noms germaniques (Granier, Robert, Adhmar), il y voit
Ç des seigneurs envoys par les rois francs lĠextrmit
de leurs domaines È. videmment il nĠa aucune preuve et,
dans un autre chapitre (p.66), il exprime le
doute : Ç Il nĠa pu tre tabli si lĠart de la
verrerie, cette poque, tait lĠapanage exclusif des
familles nobles, ou si le fait dĠexercer cet art confrait la
noblesse È. Reprenons chaque terme. ÒNobleÓ : sans
exclure la descendance dĠune noblesse fodale ou la possession
lointaine dĠun ÒfiefÓ, nos verriers sont nobles car ils
exercent un noble mtier ; Philippe VI et Charles VI ont
soulign cette noblesse. ÒProcr de noble gnrationÓ : cĠest la
filiation qui est en jeu ; nos verriers doivent tre fils
de noble, Òet [pour les mmes raisons que leurs pres]
de gnalogie de verriersÓ : cette prcision
est importante, cĠest lĠascendance verrire qui est
souligne ; point de place pour un verrier de premire
gnration qui ne serait pas fils de verrier.
LĠarticle
deuxime prcise que les fils des filles Ç pourront
exercer ledit art de verrier, pourvu que le pre desdites filles soit noble et de noble
gnration È. Ici se confirme lĠexclusivit accorde ces
nobles familles verrires pour exercer le mtier de verrier.
LĠarticle
troisime interdit ledit art aux btards.
LĠarticle
quatrime confirme le premier par lĠexclusion dudit art de
toute personne Ç qui ne soit procr de noble et ancienne
gnration È. Le qualificatif ancienne est ajout et
ajoute lĠambigut ; mais ancienne gnration peut
signifier que le verrier doit tre fils de verrier et non de
premire gnration. La profession est bien ferme.
Le quatrime
article indique aussi les formalits accomplir pour justifier de sa
noblesse : on doit le faire devant le viguier de
Sommires, (dans un dlai de deux mois si on habite la
snchausse de Beaucaire, Nmes et pays du Languedoc, le
dlai tant port quatre mois si on habite en dehors), et
prter serment. Saint-Quirin prcise par ailleurs que le
viguier enregistre alors le nouveau au catalogue des
gentilshommes exerant lĠart de verrerie. Le serment rappelle
celui qui est prt devant les jurs par les membres des corporations dans les
Òmtiers jursÓ (Mourre).
Le douzime
article interdit aux matres de four de sĠassocier avec des Ç personnes
nobles ou non nobles ni de gnration de noblesse ni de
nobles verriers È ce qui laisserait penser que
des non nobles pourraient tre admis sĠils font la preuve
quĠils sont fils de verriers ( ?). Il rpte, ce qui ne
peut tre que redondant - les redondances tant dĠusage trs
frquent dans les actes anciens -, Ç [les matres] ne
prendront en leur compagnie quiconque, sĠil nĠest verrier et
de propre gnration de verriers È ; lĠinfraction
est passible dĠune amende de vingt-cinq marcs dĠargent au
profit du roi ce qui est considrable[15].
Enfin le treizime article assure la continuit du mtier Ç lorsquĠun matre de four ou verrier est trpass, la femme, veuve, enfants et familles du mort se doit jouir et user du privilge comme si le trpass tait en vie jusques ce que les enfants soient en ge lgitime È.
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Conclusions.
Les matres
verriers exercent un mtier noble. Aprs les
vitraux qui clairaient les glises et la verroterie qui
ornait les chsses des saints, leur production artistique
fournit en vaisselle la table des grands. Le verre vitres
garnit les ouvertures des chteaux avant celles des simples
demeures. Ils dtiennent des secrets de fabrication qui doivent tre
protgs. Des productions verrires sont importes grand
frais dĠOrient, de Venise, de Bohme. Au XVe
sicle, lĠautorit souveraine octroie aux verriers, dont la
profession rend dĠimportants services au pays,
les privilges de la noblesse avec lĠhrdit
de leur mtier, et lĠexclusivit de son exercice
eux et leurs descendants, moyennant une redevance. SĠils sont dj
nobles, ils pourront pratiquer le mtier sans droger.
DĠautres mtiers ÒdĠart Ó peuvent faire lĠobjet dĠun
anoblissement. Ainsi Henri IV, par un dit dĠaot 1603 pris en faveur dĠentrepreneurs qui
projettent de crer Ç une manufacture de draps et toiles
dĠor, dĠargent et de soie Paris È, ÒdcoreÓ Ç eux
et leurs postrit ne et natre en loyal mariage de qualit de noblesse pour en jouir
comme font les autres nobles de cestuy nostre royaume
condition, toutefois, quĠils continueront et entretiendront
lesdites manufactures lĠespace de douze annesÉ È.
Mais ds le XVIIe
sicle, les productions verrires se vulgarisant, leurs
privilges, notamment fiscaux, sont considrs comme
excessifs. Henri IV - qui par ailleurs a concd en 1597 aux
frres Sarrode, gentilshommes en lĠart et science de verrerie,
lĠexclusivit dans un rayon de trente lieues autour de Paris
des fabrications dĠune manufacture de cristal tablir
Melun - donne un coup dĠarrt, et dcide en 1603 que les
nouveaux verriers, sĠils ne sont pas dj nobles, ne seront
pas anoblis[16].
Leur noblesse est rallie :
Votre
noblesse
est mince,
Car
ce nĠest pas dĠun prince,
Daphnis,
que
vous sortez,
Gentilhomme
de
verre
Si
vous tombez terre
Adieu
vos
qualits.
(
Maynard[17] Ñ
v.1582-1646 Ñ contre Saint-Amand[18])
La diffrence
avec la noblesse de race[19],
cĠest que leur anoblissement est li lĠexercice dĠun emploi.
Ils doivent payer une rente annuelle pour continuer dĠexercer
et de jouir de leurs privilges. En lĠabsence de lettres
patentes cĠest ce paiement que le sieur de Laroque, leur
syndic en Languedoc, invoque, outre Ç lĠanciennet de
leur possession È, dans son opposition lĠarrt du
conseil dĠtat du 7 aot 1725 (Saint Quirin).
Nos gentilshommes
verriers nĠvoluent gure avec le progrs technique. Colbert
cre en 1665 la manufacture royale, les associs peuvent tre
pris dans tous les ordres, toujours sans droger sĠils sont
nobles. Les gentilshommes tentent de maintenir leurs
privilges au sein de la compagnie estimant avoir seuls le
droit de couper les glaces (Piganiol). On les supporta jusquĠ
leur disparition du fait de lĠge (dĦ).
En Languedoc, o
la fabrication reste trs artisanale, ils sont assigns
dmnager dans les montagnes, rsistent aussi longtemps quĠils
le peuvent, mais abandonnent presque tous la partie avant la
Rvolution, sĠestimant indignes de passer aux fours charbon
dont les essais, sans lendemain dans la Province, seront
conduits, malgr leur protestations, par des roturiers. CĠest
probablement eux que pense Mme de Genlis (1746-1830) qui
attribue lĠorigine de leurs privilges au respect que lĠon a
en France pour tout ce qui a rapport au vin, Ç respect
que lĠon pousse au point de donner une espce de noblesse
ceux qui font des bouteilles (cit par Piganiol) È. Dans
sa monographie intitule Ç Les verreries forestires et
gentilhommes verriers de lĠAude [20]È,
Robert
Dupuy constate que peu de temps avant la Rvolution
Ç plus aucun des gentilshommes [de lĠAude]nĠest verrier,
tous sont devenus roturiers et fort pauvres È.
Certains
devinrent ouvriers, ce quĠils
nĠavaient jamais cesss dĠtre, et, anims par la tradition
corporative, on leur attribue la premire cooprative ouvrire
cre Rive de Gier aprs une grve de trois cents dix sept
jours durant laquelle ils sĠtaient opposs lĠembauche
dĠouvriers trangers (introduction historique lĠdition de
1985 de lĠouvrage de Saint-Quirin).
ANNEXES
1 Liste
chronologique non exhaustive de textes sur les privilges
des verriers
XIVe
sicle
Droit
dĠemphytose perptuelle sur un terrain reu de Humbert II,
Dauphin du Viennois en faveur de Guyonnet. Droit dĠentre 30
florins dĠor. Redevance annuelle en nature (objets en verre)
(Barrelet).
1339. (Philippe
VI) Ç Car, a cause de la noblesse dudit mtier, aucun ne
peut ne doit tre receu a iceluy mestier sĠil nĠest nez et
extraict par son pre dĠautres verriers (Saint-Quirin). È
1399.
Ç Lettres royales È concdes par Charles VI aux
verriers de Mouchamps (Bas Poitou) qui leur confrent des Ç franchises,
libertez, droicts et privilgesÉ desquels usent et joyssent
et ont accoustum de joyr et user les aultres nobles du
pays(É) cause de la noblesse dudict mtier [de
verrier] È(Barrelet).
XVe
sicle
1436.
(24 mars). Lettres patentes de Charles VII (Saint-Quirin).
1445. Privilges
de Charles VII aux gentilshommes verriers du pays du
Languedoc, crant [ou confirmant] le viguier de Sommires
comme juge et conservateur de ces
privilges. Copie du 21 avril 1656 collationne par Marye,
notaire royal de Montpellier (Saint-Quirin).
1448. Charte du
Roi Ren (Provence)
(Saint-Quirin).
1448 (lettres
brles), renouveles en 1469 et 1526. Lettres de Jean de
Calabre gouverneur des duchs de Lorraine et de Bar, concdes
aux quatre familles de verriers : les Hennezel, les
Thietry, les Thisac et les Bisval Ç cause de leurs
mestiers [ces verriers doivent tre] tenuz et reputez en
telle franchise comme chevaliers, escuiers et gens nobles
dudit duchi de Lorraine È(Barrelet).
1475.
Confirmation des lettres de 1436 par Louis XI (Saint-Quirin).
XVIe
sicle
1522, 1573, 1585,
suite aux plaintes des nobles [dĠextraction] dans les
assembles de noblesse, ceux-ci obtiennent du gouvernement
ducal de Lorraine, la restriction des privilges des verriers
(Lami).
1523 (4
septembre). Ordonnance de Franois Ier Ç aux
gentilshommes de lĠart et science de verrerie en notre
royaumeÈ rappelant les privilges des gentilshommes verriers
et notamment lĠexemption des pages pour la circulation de
leurs marchandises [tant pour la circulation des matires
premires que pour celle des produits finis]. Copie de 1637
faite pour la cour de Bordeaux par noble homme Bastien de
Noguier, verrier en 1637 (Saint-Quirin).
1565 (Toulouse,
mars 1565). Confirmation par Charles IX de lĠordonnance de
Franois Ier.. Copie trouve entre les mains de
noble Pierre Riols, verrier, habitant aux verreries hautes de
Moussans, sans date (Saint-Quirin).
1566. Ordonnance
royale reconnaissant que les verreries de Moussans (Hrault)
sont en possession Ç immmoriale È de leurs
privilges. Une fleur de lys dcore leur chteau (signal par
Saint-Quirin).
1592 (20
novembre). Lettres de Henri IV(Saint-Quirin).
XVIIe
sicle
1601. Arrt
dĠHenri IV Òrglant dfinitivement la question des privilges
verriersÓ (Barrelet).
1603. Lettres
patentes dĠHenri IV des verriers de lĠArgonne [Les Trois
vchs ?[21]]
portant maintien de faire le commerce de verrerie sans
droger, mais seulement sĠils taient dĠextraction noble
(Barrelet).
1603 et 1604
Henri IV, saisi des rclamations des nobles et de plaintes de
verriers lorrains [voir ci-dessus] statua en ces
termes : Ç La profession de verrier ne
suppose pas la noblesse, mais elle nĠy droge point È (Lami).
1614 (juin) dit
de Louis XIII sur les privilges en matires de tailles
excluant de lĠexemption les verriers Ç sĠils ne sont
nobles dĠextraction È.
1615. Lettres de
Louis XIII (Saint-Quirin).
1622 (aot).
Lettres de Louis XIII Ç aux gentilshommes de lĠart et
science des verriers rsidant en notre pays È confirmant les
privilges octroys antrieurement (Saint-Quirin).
1623 (9 janvier).
Lettres patentes de Catherine de Clves, duchesse de Guise et
dĠEu, autorisant Franois Le Vaillant, cuyer, sieur du
Courval tablir une verrerie au lieu dit ÒLe
CourvalÓ(Pochet).
1655 (dcembre).
Lettres de confirmation de Louis XIV aux Ç gentilshommes
de lĠart et science de verrerie rsidans en notre
royaumeÈ voir aussi ci-aprs (Saint-Quirin).
1655 (dc.). Lettres patentes de Louis XIV, confirmant
que Ç lĠart et science de verrerie È ne droge point
la noblesse (Jourdan).
1671 (22 octobre). Concession accorde par Anne Marie
Louis dĠOrlans (la duchesse de Montpensier) Andr de
Monchy, chevalier, Marquis de Snarpont
pour exploiter deux verreries au Courval (Pochet).
XVIIIe sicle
1727 (15 aot 1727). Privilges de Louis XV (Saint-Quirin).
Tous ces privilges nĠont pas empch ce que lĠont
pourrait appeler des Òtracasseries administrativesÓ qui commencent ds le XVI
sicle : dfense de prendre de la terre dans les forts
royales (janvier 1518), soumission lĠinspection des
matrises royales des bois de particuliers (1543), limitation
du nombre des fours, etc.
(Saint-Quirin).
2 Visite
de Thomas Platter en pays verrier (1596)
Ç Le 29
avril [1596], en compagnie de plusieurs Allemands et de
Monsieur Jacques Catalan, aujourdĠhui dcd, nous avons
quitt Montpellier par la route de Celleneuve [faubourg
Ouest de Montpellier] : dans ce village, nous avons
pris le petit djeuner du matin. Nos avons travers une
fort et nous avons atterri le
soir dans un logement excrable ; notre hbergement
tait situ Saint-Paul, o se trouvent galement les
verreries quĠon appelle de ce nom* ; depuis
Montpellier, cela fait quatre lieues. Nous avons pass la
nuit chez un berger de chvres. Nous avons couch prs du
feu ; cĠtait au premier tage, lequel nĠtait couvert
que de fagots, et mme pas planchi ; une agrable
odeur montait de lĠtable aux chvres, situe en
dessous ! On nous a royalement traits avec des Ïufs
ainsi que du pain dur et noir. En revanche, nous avons eu
droit du lait, un produit trs rare autour de Montpellier.
Le 30 avril au
matin, de trs bonne heure, nous nous sommes rendus aux
verreries, situes un quart dĠheure de marche de la maison
du chevrier. L, nous avons vu des gentilshommes de la
noblesse, en vtements de velours et de satin : face
aux fours ils soufflaient le verre. DĠaprs ce quĠon nous a
dit, la noblesse franaise jouit dĠun privilge (parmi
dĠautres) en vertu duquel il est interdit quiconque de
fabriquer du verre, sauf si le postulant-fabricant est n de
souche noble. Et voil pourquoi les nobles ruins auxquels
lĠargent et la terre ont fil entre les doigts, sĠadonnent
ventuellement cette activit. Bien sr ils ont leurs
gens, leurs serviteurs, qui prparent pour eux la matire
premire : ces employs font donc brler la plante
appele Kali ou salicor, et ils en
tirent de la cendre qui sera utilise pour fabriquer le
verre. Le mme personnel de service se charge ensuite de colporter travers villes et
villages le verre ainsi obtenu afin de le vendre. Quant au
travail des gentilshommes, il sĠopre exclusivement face aux
fours ; ils soufflent le verre et donnent forme
chaque objet selon son style propre ; ils utilisent
pour cela un long tuyau de fer ; puis, quand le produit
est port au rouge de lĠincandescence, ils le remettent dans
le four, jusquĠ ce que cela soit cuit point. Ce spectacle
est extrmement plaisant, car la matire premire dont je
parlais tout lĠheure donne des verres trs beaux, trs
transparents ; nous en avons fait souffler de multiples
formes sous nos yeux.
Ils nous ont
servi, lors de notre venue, de la bonne soupe du petit
djeuner du matin, avec aussi du lait de vache trs
gras ; certains dĠentre nous en ont consomm presque
se rendre malades ; la raison en est quĠ Montpellier
il est impossible dĠavoir du beurre ou du bon lait. CĠest
seulement dans cette zone [du village de Saint-Paul] que les
nobles qui habitent parmi ces verreries tiennent de btail
bovin : ils les font patre dans les bois et prairies,
le tout tant mis en valeur cet effet.
Aprs la soupe
du matin, nous avons pris bien tranquillement le chemin du
retour vers Montpellier. Nous ne sommes arrivs
destination que dans la soire, sur le tard. È
Ce
compte-rendu dĠexcursion de Thomas Platter junior, tudiant
en mdecine blois, qui a sjourn Montpellier de
septembre1595 jusquĠ la fin de 1598 est prsent, partir
de lĠdition allemande par Emmanuel Leroy Ladurie, Le
Voyage de Thomas Platter 1595-1599,
Fayard, 2000, deuxime volume du Sicle des Platter consacr
cette famille suisse qui montre une extraordinaire
ascension sociale : le pre n dans une famille pauvre,
chass par ses parents comme le petit Poucet et ses frres,
a d sĠagrger une troupe de mendiants pour survivre. Il
devint un professeur renomm de latin de grec et dĠhbreu.
On
admirera la prcision nave de Thomas qui rsume en quelques
lignes la fabrication du verre par nos gentilshommes. On
peut se demander sĠils gardaient habituellement leurs habits
de velours et de satin pour souffler le verre. On sait
quĠils utilisaient une sorte de blouse asymtrique avec une
large manche au bras gauche, assez ample pour protger la
main (Piganiol). Pour la visite de ces ÒAllemandsÓ, on a
peut-tre organis une petite mise en scne. Thomas reprend
la tradition de nobles, par ailleurs ruins, seuls autoriss
exercer le mtier de verrier. Le colportage des produits
par le personnel de la verrerie dont il est question tait
formellement interdit (Saint-Quirin, propos de la charte
des verriers du Languedoc). Ce sont les marchands qui
taient chargs de ce commerce libre de taxes (page etc.).
En bon Suisse il relve la rudesse des conditions
dĠhbergement et la raret du beurre dans la rgion. On
notera que ces verriers languedociens taient aussi des
leveurs de bovins pour lesquels ils jouissaient de
privilges (voir 4Ħ de la ÒcharteÓ ci-dessus).
Saint-Quirin,
qui
nous a mis sur la voie de ce reportage, connaissait
certainement lĠdition de la traduction franaise du voyage
de Thomas due M. Kieffer, Flix et Thomas Platter
Montpellier, Camille Coulet, Montpellier, 1892
(Notice bibliographique sur Thomas II Platter, dans
lĠdition de Leroy Ladurie).
* LĠitalique correspond des annotations postrieures de Thomas Platter lui-mme (L L).
3 Histoire de l'Arme de Cond - Thodore Muret - Paris 1844.
Extrait tome I p.34 et 35
Ç Dans
ce fonds de l'migration
srieuse et respectable, n'oublions pas les Gentils
hommes Verriers.
C'est
l un dtail curieux et peu
connu. Il y a plusieurs sicles que les rois de France
appelrent, de
la
Bohme, quelques gentilshommes
matres en verrerie, pour introduire dans le royaume
cette indus-
trie
nouvelle. Ces trangers
s'tablirent sur les confins de la Champagne et de la
Lorraine , dans la valle
d'Argonne,
contre boise, qui offrait
en abondance des alimens
leurs fournaux,
comme aussi des d-
bouchs
leur fabrication, cause du
voisinage des vignobles champenois. Un certain nombre
de famil-
les,
descendantes ou hritires de ces
premiers verriers, continurent d'exercer, dans les
mmes lieux,
un
tat qui, selon les privilges
accords cet effet, ne constituait pas drogation
pour leur no-
blesse.
Le travail mme de souffler la
matire en fusion, travail qui, d'aprs les titres de
concession,
devait
tre exclusivement rserv des
bouches nobles , ne faisait pas droger ces
gentilshommes. Ils
formaient
ainsi une petite colonie
ayant son existence part, isole du reste du monde,
et dont les
membres
s'alliaient toujours entre eux.
Simples de moeurs,
endurcis la fatigue, grands
chasseurs, excellens
tireurs,
coeurs
loyaux sous leur enveloppe un peu rustique , les
gentilshommes verriers, qui avaient
fourni
la
France un grand nombre de bons officiers,
se trouvrent tout prts, quand vint la Rvolution,
marcher sous
le drapeau de la
monarchie.
A
l'appel du prince de Cond, qu'ils
entouraient d'un attachement tout spcial, en sa
qualit de sei-
gneur du Clermontois dont fait
partie la valle d'Argonne, ils
s'taient empresss d'migrer, aban-
donnant
leurs proprits , leur
industrie. Il y eut onze combattans
dans la seule
famille de Juillot ,
cinq
dans celle de Dorlodot
, onze parmi les Brossard, dix parmi les Bonnay,
quatre chez les Foucauld,
sept
chez les Finance, quinze chez les Bigault, huit chez les Duhoux. Le
comte de Viomnil
sortait
de cette dernire famille. Les
gentilshommes verriers formrent ainsi , sous les
ordres du prince
de Cond, deux compagnies presque entires. È
[1] CĠest lĠEncyclopdie de Diderot.
[2] LĠEncyclopdie indique au sujet
des soudes (article Verrerie, Vol. XVII, p.127) :
Ç Celles de Languedoc quĠon cultive aux les Stes
Marie et dans le diocse de Narbonne sont assez bonnes.
Elles sont connues dans ce pays sous le nom de salicor. Le
verre qui en rsulte parvient rarement un affinage bien
parfait ; il est cependant marchand È. Il sĠagit probablement de la
salicorne ou dĠune plante maritime voisine dnomme cali
majus cochleato femine par Bosc dĠAntic (cit
par Piganiol p. 63). DĠaprs ce savant du XVIII
sicle, lui-mme dĠorigine languedocienne, les verriers du
Languedoc utilisaient ses cendres. Le mot
Ç pierre È est trompeur et les textes semblent
dsigner une prparation base vgtale aprs sa
solidification.
[3] Ë cette poque le roi Ren, protecteur des arts, est aussi duc de Lorraine et de Bar. Jean de Calabre est son fils.
[4] Cette redevance est rapprocher
de celle que paye de nos jours le dtenteur dĠun brevet pour
quĠil soit maintenu en exercice.
[5] Dont le descendant le duc de Castries, membre de lĠAcadmie Franaise, a prfac la rdition de lĠouvrage de Saint-Quirin.
[6] Voir lĠarticle Noblesse du
Robert la citation du Dalloz : Ç La noblesse
rsulte aujourdĠhui de la possession dĠun titre nobiliaire È.
[7] Selon la classification ÒfineÓ
de Grard de Sde, AujourdĠhui les nobles, Paris, 1975, cit par Werner,
la noblesse dĠorigine carolingienne est dite Ç noblesse
immmoriale È et prcde la noblesse fodale. On
discute encore sur la ralit dĠune Ç noblesse È
antrieure la fodale (Werner).
[8] En liant troitement lĠtat
Ç noble È la possession de privilges
hrditaires, nous introduisons un lment restrictif, mais
cĠest dans ce cadre seulement que se situent les
gentilshommes verriers.
[9] Ë rapprocher des droits lis
la filiation (le sang) et la rsidence (le sol).
[10] Sde, cit par Werner, fait
remonter ces premires lettres 1270 sous le rgne
prcdent, celui de Philippe le Hardi .
[11] Dans lĠEncyclopdie, la verrerie
est classe dans les arts mcaniques. Voir aussi lĠadage
Ç orphvre ne droge point È.
[12] Il est possible quĠil y en ait
dĠautres. Elles ne figurent pas dans la documentation
consulte.
[13] Saint-Quirin - homonyme dĠun
site verrier mosellan dans le Nord de la fort vosgienne
(Barrelet), repris dans la dsignation sociale dĠune
importante verrerie lorraine fusionne avec Saint Gobain en
1855 (Piganiol) - , est le pseudonyme de Arthur Quirin de
Cazenove (1861-1914), colonel de son tat, et alli dĠune
famille de gentilshommes verriers (Prface de lĠdition de
1985). Nous utilisons sa transcription dĠune copie du XVIIe
sicle et nĠen contesterons ni lĠauthenticit ni la
fiabilit.
[14] En les transcrivant dans la
grammaire et la morphologie dĠaujourdĠhui.
[15] Nous estimons la somme
environ 70 000 de nos francs.
[16] Nos recherches effectues dans
le Dictionnaire de la noblesse de Chenaye-Desbois, Paris, 1872
pour de la Roque et Robert, et dans la collection dĠHozier
pour de la Roque, sont reste vaines concernant une
ventuelle noblesse antrieure de ces familles
verrires ; nul doute quĠelles furent
inscrites au catalogue des gentilshommes verriers
tenus par le viguier de Sommires.
[17] Maynard tait du Midi, n
Toulouse, mort Aurillac.
[18] Est-ce Saint-Amant (Marc-Antoine
Girard, sieur de) pote franais (prs de Rouen
v.1594-Paris, 1661) ?
[19] On dit aussi dĠextraction mais
le terme est parfois appliqu restrictivement ceux qui ont
reu la noblesse par Ç lettres royaux È et ne sont
pas issus de la noblesse fodale (Sde cit par Werner).
[20] Chez lĠauteur, 1, Impasse Jussieu, 11 100 Narbonne.
[21] Occups par la France depuis
1552 (Henri II), annexs au trait de Westphalie (1648).