I ABRƒGƒ DE LA THƒORIE DE LA RELATIVITƒ ET DE SON HISTOIRE

 

Mise ˆ jour 6/10/2015

 

Il nĠy a pas de meilleure initiation ˆ la thŽorie de la relativitŽ[1] que celle que donne Einstein[2] dans le cahier dĠune collection pŽriodique sous le titre †ber die spezielle und allgemeine RelativitŠtstheorie[3](gemeinverstŠndlich), F. Vieweg, Braunschweig, 1917, dont la traduction par Maurice Solovine[4], La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽrale (ˆ la portŽe de tous), fut ŽditŽe par Gauthier-Villars en 1923[5]. Dans sa prŽface de dŽcembre1916, Einstein prŽsente ainsi lĠouvrage : Ç Ce petit livre[6] a pour but de faire conna”tre dĠune manire aussi exacte que possible la thŽorie de la relativitŽ ˆ ceux qui sĠintŽressent ˆ elle au point de vue gŽnŽral, scientifique et philosophique, mais qui ne possdent pas lĠappareil mathŽmatique de la physique thŽorique[7] È. Il ajoute plus loin : Ç Puisse ce petit livre tre un stimulant pour beaucoup de lecteurs et leur faire passer quelques heures agrŽables È. Sans aucune prŽtention de physicien, nous lui avons empruntŽ de nombreux passages dans les pages suivantes qui veulent se situer au plus prs des sources.

 

I. LA RELATIVITƒ RESTREINTE

 

Le principe de relativitŽ. GalilŽe (1564-1642)

La premire pierre de lĠŽdifice de la thŽorie de la relativitŽ a ŽtŽ apportŽe par GalilŽe qui propose lĠexpŽrience suivante :

 Ç  Enfermez-vous avec un ami dans la plus grande cabine sous le pont dĠun grand navire et prenez avec vous des mouches, des papillons et dĠautres petites btes qui volent ; munissez-vous aussi dĠun grand rŽcipient rempli dĠeau avec de petits poissons, accrochez aussi un petit seau dont lĠeau coule goutte ˆ goutte dans un autre vase ˆ petite ouverture placŽ au dessous. Quand le navire est immobile, observez soigneusement comme les petites btes qui volent vont ˆ la mme vitesse dans toutes les directions de la cabine ; on voit les poissons nager indiffŽremment de tous les c™tŽs ; les gouttes qui tombent entrent toutes dans le vase placŽ dessous ; si vous lancez quelque chose ˆ votre ami, vous nĠavez pas besoin de jeter plus fort dans une direction que dans une autre lorsque les distances sont Žgales ; si vous sautez ˆ pieds joints, comme on dit, vous franchirez des espaces Žgaux dans toutes les directions. Quand vous aurez soigneusement observŽ cela, bien quĠil ne fasse aucun doute que les choses doivent se passer ainsi quand le navire est immobile, faites aller le navire ˆ la vitesse que vous voulez, pourvu que le mouvement soit uniforme, sans balancement dans un sens ou lĠautre ; vous ne remarquerez pas le moindre changement dans tous les effets quĠon vient dĠindiquer ; aucun ne vous permettra de vous rendre compte si le navire est en marche ou immobile : en sautant vous franchirez sur le plancher les mmes distances quĠauparavant ; et ce nĠest pas parce que le navire ira trs vite que vous ferez de plus grands sauts vers la poupe que vers la proue ; pourtant, pendant le temps o vous tes en lĠair, le plancher au dessous de vous court dans la direction opposŽe ˆ votre saut ; si vous lancez quelque chose ˆ votre ami, vous nĠaurez pas besoin de plus de force pour quĠil le reoive, quĠil se trouve du c™tŽ de la proue ou de la poupe et vous ˆ lĠopposŽ ; les gouttelettes tomberont comme auparavant dans le vase du dessous sans tomber du c™tŽ de la poupe, et pourtant, pendant que la gouttelette est en lĠair, le navire avance de plusieurs palmes, les poissons dans leur eau ne se fatigueront pas plus pour nager vers lĠavant que vers lĠarrire de leur rŽcipient ; cĠest avec la mme facilitŽ quĠils iront vers la nourriture que vous aurez disposŽe o vous voudrez au bord du rŽcipient ; enfin les papillons et les mouches continueront ˆ voler indiffŽremment dans toutes les directions, jamais vous ne les verrez se rŽfugier vers la paroi du c™tŽ de la poupe comme sĠils Žtaient fatiguŽs de suivre la course rapide du navire dont ils auront ŽtŽ longtemps sŽparŽs, puisquĠils restent dans lĠair ; bržlez un grain dĠencens, il se fera un peu de fumŽe que vous verrez monter vers le haut et y demeurer, tel un petit nuage sans quĠelle aille dĠun c™tŽ plut™t que dĠun autre. Si tous ces effets se correspondent, cela vient de ce que le mouvement du navire est commun ˆ tout ce quĠil contient aussi bien quĠˆ lĠair, cĠest pourquoi je vous ai dit de vous mettre sous le pont. [8]È

Par ce texte imagŽ, GalilŽe Žnonce la loi suivante : dans un systme en mouvement uniforme, Ç cĠest ˆ dire ˆ vitesse constante È, le mouvement des corps, pour un observateur embarquŽ, est le mme que dans un systme ˆ lĠarrt. Le mouvement est relatif au systme et liŽ ˆ lĠobservateur dans ce systme. Il nĠy a pas de mouvement absolu : le systme en mouvement est en mouvement par rapport au systme qui le porte mais celui-ci peut aussi tre en mouvement par rapport ˆ un autre systme. CĠest le principe de relativitŽ.

Ce sens du terme ÒrelativitŽÓ est liŽ ˆ lĠorigine de la thŽorie.

Les systmes en mouvement rectiligne et uniforme sont dits Ç galilŽens È ou inertiels.

Le principe de relativitŽ trouve sa formulation mathŽmatique dans un systme de coordonnŽes cartŽsiens, repres dĠun espace rigide ˆ trois dimensions. Cet espace est dit euclidien : on y trace des droites dŽfinies par deux points[9].

Le principe de relativitŽ (galilŽen) appliquŽ ˆ la propagation de la lumire

Dans la mŽcanique classique de GalilŽe et Newton (1642-1727), la vitesse de la lumire est considŽrŽe comme infinie : le temps est absolu, il est indŽpendant de lĠŽtat de mouvement du corps de rŽfŽrence. De mme dans cette axiomatique, la distance spatiale de deux points est indŽpendante de lĠŽtat de mouvement du corps de rŽfŽrence, la distance est absolue.

Or des expŽriences menŽes depuis le XVIIe sicle ont montrŽ que la vitesse de la lumire, quoique trs grande, nĠŽtait pas infinie. En 1676, mesurant les Žcarts entre le calcul, suivant les lois de Kepler (1571-1630), et lĠobservation de lĠoccultation du satellite de Jupiter Io par sa plante, Ole Christensen RÏmer (1644-1710) annona une premire approximation de la vitesse de la lumire[10]. Hippolyte Fizeau (1819-1896), en 1849, donna une mesure plus prŽcise, et James Clerk Maxwell (1831-1879) en 1873 dŽfinit le caractre ondulatoire de la lumire et publie son traitŽ sur les ondes ŽlectromagnŽtiques.

Lorsque un systme galilŽen est en mouvement (translation) par rapport ˆ un autre considŽrŽ comme fixe, on applique aux vitesses un thŽorme additif ŽlŽmentaire : la vitesse dĠun corps en mouvement par rapport au repre fixe, W, est la somme de la vitesse du systme en mouvement par rapport au repre fixe, v, et de la vitesse du corps lui-mme par rapport au repre en mouvement, w, de sorte que . Si on applique ce thŽorme ˆ un rayon lumineux la vitesse de la lumire c, si elle est finie, prend deux valeurs diffŽrentes : lĠune par rapport au repre fixe, c , lĠautre par rapport au repre mobile cĠ tel que cĠ=cħv suivant que le systme en mouvement se dŽplace en sens inverse ou dans le sens de la lumire. Tant que la vitesse de dŽplacement est nulle (systme au repos) ou faible par rapport ˆ la vitesse de la lumire, nous restons dans les conditions de la mŽcanique classique, c = cĠ ou c Ċ cĠ[11]. Pour des valeurs de v plus ŽlevŽes, et pour une vitesse de la lumire finie, lĠŽcart significatif entre ces deux valeurs fourni par le thŽorme dĠaddition des vitesses contredit la thŽorie de Maxwell-Lorentz[12] qui suppose la constance de la vitesse de la lumire dans le vide[13], ainsi que les expŽriences[14] (1881-1887) de Michelson et Morlay[15]: lĠŽcart entre les vitesses de deux rayons lumineux se propageant en sens inverse peut y tre considŽrŽ comme nul.

DĠautre part lĠexpŽrience de Fizeau (1851) concernant lĠadditivitŽ des vitesses, infirme la formule : .

La simultanŽitŽ. RelativitŽ des notions de temps et dĠespace

On ne peut affirmer que des ŽvŽnements sont simultanŽs que si on sait synchroniser la marche des horloges qui mesurent le temps. La vitesse de propagation de la lumire nĠŽtant pas infinie et les distances entre la localisation des ŽvŽnements pouvant tre grandes, la synchronisation des horloges et donc le concept de simultanŽitŽ soulvent de sŽrieux problmes.

Einstein dŽmontre par une expŽrience simple (wagon de chemin de fer se dŽplaant le long dĠune voie) quĠ Ç une indication de temps nĠa de sens que si lĠon indique le corps de rŽfŽrence auquel elle se rapporte È.[16]

La transformation de Lorentz

Si lĠon veut lever la contradiction entre le thŽorme dĠaddition des vitesses et la constance de la vitesse de la lumire, il faut substituer aux formules simples qui permettent de passer des coordonnŽes dans un systme (galilŽen) ˆ des coordonnŽes dans un autre systme, Žgalement galilŽen, en mouvement par rapport au premier (x = + vt etc., et t = tĠ), les formules Òrelativistes Ó dites de Lorentz qui les a prŽsentŽes avant Einstein.

Ces formules introduisent un facteur correctif en v2/c2, pratiquement nul si v est petit par rapport ˆ c.

LĠapplication des formules relativistes conduisent :

1.     Pour les distances ˆ une contraction des longueurs :

= kd                        ,

d et dĠ Žtant les distances entre deux points mesurŽes dans deux systmes galilŽens, lĠun au repos, lĠautre en mouvement par rapport ˆ lui.

2.    Pour le temps ˆ une augmentation de la durŽe tĠ (dilatation du temps) entre

deux ŽvŽnements mesurŽe sur un systme en mouvement, par rapport ˆ la mme durŽe t mesurŽe sur un systme au repos, les horloges en mouvement Žtant accŽlŽrŽes :

(mesurŽ sur le systme en mouvement) =                 (tĠ>t)

3.     Pour lĠaddition des vitesses ˆ un facteur correctif rŽduisant leur somme.

Fizeau dans une expŽrience cŽlbre de 1851 que Einstein qualifie dĠexperimentum crucis avait dŽjˆ montrŽ cette rŽduction de la somme des vitesses, mais lĠavait expliquŽe par une formule empirique faisant intervenir lĠindice de rŽfraction du fluide en mouvement.

Les formules de Lorentz expriment la relativitŽ[17] du temps et de lĠespace : dans un systme en mouvement, le temps et lĠespace dŽpendent de la vitesse.

Dans le petit livre citŽ, Einstein dŽmontre que la transformation de Lorentz conserve la vitesse de la lumire. Autrement dit si lĠon applique les transformations de Lorentz, la vitesse de la lumire est la mme dans un systme en repos et dans un systme galilŽen en mouvement par rapport ˆ lui. RŽciproquement, si deux systmes galilŽens se dŽplacent lĠun par rapport ˆ lĠautre en conservant la vitesse de la lumire, les formules de transformation dĠun systme ˆ lĠautre sont celles de Lorentz.

Le principe de la relativitŽ restreinte

Ainsi Einstein constate que ce quĠil considre comme un principe, (la vitesse de la lumire - dans le vide - est une constante) se conserve entre deux systmes dont lĠun est en mouvement uniforme par rapport ˆ lĠautre.

Ce principe nĠest pas contredit par lĠexpŽrience (Fizeau, Michelson).

Ë condition dĠutiliser les formules de transformation de Lorentz qui dŽrivent de la constante de la vitesse de la lumire, le principe de relativitŽ de la cinŽmatique de GalilŽe peut tre appliquŽ ˆ la propagation des ondes lumineuses.

En le gŽnŽralisant il devient le principe de la relativitŽ restreinte que lĠon peut exprimer ainsi :

Ç Les lois de la nature ont exactement la mme forme dans deux systmes galilŽens en mouvement lĠun par rapport ˆ lĠautre[18]. È

ou encore :

Ç Les lois de la nature sont invariantes relativement aux transformations de Lorentz. È[19] Einstein met ainsi fin aux contradictions qui sĠŽtaient dŽveloppŽes entre la mŽcanique classique et la thŽorie ŽlectromagnŽtique et en rŽtablit lĠunitŽ[20].

Il Žtend le principe, dont il a constatŽ lĠapplication dans la thŽorie ŽlectromagnŽtique de la lumire[21] ˆ toutes les lois physiques.

 

 

La relation entre lĠŽnergie et la matire

Trois mois aprs avoir publiŽ dans les Annalen der Physik ˆ Berne son article fondateur de la thŽorie de la relativitŽ, Einstein publie en septembre 1905 dans la mme revue une Ç intŽressante conclusion (Folgerung) È qui tient en trois pages, un Òpost-scriptumÓ dira-t-on.

Toujours ˆ partir de la thŽorie de Maxwell et des formules de Lorentz, il dŽmontre une relation entre la masse et lĠŽnergie qui sera prŽsentŽe sous la forme cŽlbre :

E = Mc2.[22]

 

II. LA RELATIVITƒ GƒNƒRALE

 

Aprs avoir appliquŽ le principe de relativitŽ ˆ la cinŽmatique des systmes en mouvement uniforme, Einstein cherche ˆ rŽsoudre le problme de son extension ˆ la gravitation.

Le principe de lĠŽgalitŽ de la masse inerte et de la masse pesante

 Lˆ encore, GalilŽe est lĠinitiateur. Ses expŽriences sur la chute des corps[23] montrent que tous les corps - quelle que soit leur nature - ont mme loi de chute [dans le vide].

Einstein[24] prŽcise que lĠaccŽlŽration dans le vide est la mme pour tous les corps et que cette proposition entra”ne lĠŽgalitŽ de la masse inerte et de la masse pesante dans un systme dĠunitŽ convenable : inertie et poids sont la mme qualitŽ du corps[25]. On dŽsigne aussi cette propriŽtŽ comme un principe, le principe dĠŽquivalence.

Il fait une expŽrience Òpar la pensŽeÓ et suppose quĠun observateur est placŽ dans un ascenseur[26] hors du champ de gravitation. Au centre du toit, lĠascenseur est attachŽ ˆ un c‰ble qui exerce sur lui une attraction Žgale - mais de sens contraire - ˆ lĠattraction de la pesanteur si lĠascenseur y Žtait soumis. LĠobservateur l‰che un caillou sorti de sa poche : celui-ci qui nĠest plus soumis ˆ lĠattraction du c‰ble tombe comme si il Žtait soumis ˆ la pesanteur. LĠobservateur aura la mme sensation que le voyageur de GalilŽe ˆ bord de son bateau : il ne verra pas la moindre diffŽrence entre la chute libre ou lĠascenseur ˆ lĠarrt ...

Cette expŽrience invite Einstein ˆ Žtendre le principe de relativitŽ ˆ des corps en mouvement accŽlŽrŽ[27].

LĠespace temps ˆ quatre dimensions de Minkowski[28]

La thŽorie de la relativitŽ restreinte a montrŽ que le temps et lĠespace nĠŽtaient pas indŽpendants. Ils ne sont pas les mmes pour deux observateurs se dŽplaant dans lĠunivers.

Minkowski (1864-1909), a proposŽ un espace-temps ˆ quatre dimensions qui sĠadapte mieux que lĠespace euclidien ˆ la thŽorie de la relativitŽ[29].

Einstein lĠadopte et Žcrit dans le Òpetit livreÓ ˆ propos de son inventeur : sans Minkowski, la thŽorie de la relativitŽ gŽnŽrale Ç serait peut-tre restŽe au maillot (Windeln)È.

LĠespace est non rigide

 LĠespace et le temps, non indŽpendants, ne sĠaccommodent pas dĠun systme de coordonnŽes rigide. Einstein introduit donc un Ç corps de rŽfŽrence non rigide quĠon pourrait, non sans raison dŽsigner sous le nom de Òmollusque de rŽfŽrenceÓ[30] È.

ƒnoncŽ du principe de la relativitŽ gŽnŽrale

Dans cet espace-temps, Einstein utilise un systme de coordonnŽes de Gauss (1777-1855) (cercles ˆ la surface dĠune sphre) et le principe de la relativitŽ gŽnŽrale sĠexprime ainsi :

Ç Tous les systmes de coordonnŽes de Gauss sont en principe Žquivalents pour la formulation des lois gŽnŽrales de la nature. È

Einstein obŽit ainsi ˆ un principe ÇdŽmocratique È, que lĠon pourrait appeler aussi Ç copernicien È : il nĠy a pas de point dĠobservation privilŽgiŽ dans lĠunivers[31], comme le prŽtendait la conception ptolŽmŽenne (aristotŽlicienne) pour laquelle la terre Žtait le centre du monde. On rapproche la conception copernicienne dĠun principe cosmologique dĠuniformitŽ ou dĠisotropie (moyenne) de lĠunivers.

 LĠaction directe ˆ distance. Le champ

Ç Par une Žtude plus prŽcise des phŽnomnes ŽlectromagnŽtiques on est arrivŽ ˆ la conception quĠil nĠexiste pas dĠaction directe ˆ distance. È On en dŽduit la notion de champ Ç qui est elle mme arbitraire È[32]. Ç CĠest dĠun manire analogue quĠon conoit les effets de la gravitation. È[33] Ce champ gravitationnel sĠexerce dans lĠespace-temps ˆ quatre dimensions.

JusquĠˆ la fin de sa vie Einstein continua ses recherches sur sa conception du champ gravitationnel[34].

LĠŽther

La notion dĠŽther est une de celle qui a fait lĠobjet de nombreuses controverses auprs des physiciens ˆ la fin du XIX sicle alors quĠaujourdĠhui elle semble une relique un peu comme la ÒphlogistiqueÓ[35].

Elle appara”t ds lĠantiquitŽ comme Òmatire incarnant le videÓ[36]. Puis, ˆ lĠŽpoque moderne comme fluide propageant la lumire.

Dans une optique relativiste et pour rŽsoudre la contradiction entre la cinŽmatique classique et les Žquations de Maxwell, on a considŽrŽ que les phŽnomnes ŽlectromagnŽtiques avaient lieu dans un rŽfŽrentiel Ç animŽ dĠun mouvement particulier, se distinguant physiquement de tous les autres È[37] : lĠŽther.

On se trouve donc en prŽsence de trois systmes ou rŽfŽrentiels : un rŽfŽrentiel au repos, un rŽfŽrentiel en mouvement, un rŽfŽrentiel sige des phŽnomnes ŽlectromagnŽtiques, lĠŽther. Ç LĠŽther pouvait tre affectŽ par la matire en mouvement de trois manires diffŽrentes. Le mouvement de la matire pouvait tre intŽgralement transmis ˆ lĠŽther : cĠŽtait lĠhypothse de la ÒrŽsistance totaleÓ. Dans ce cas, la vitesse relative de lĠŽther [par rapport au systme en mouvement] devait tre Žgale ˆ zŽro. [LĠŽther est immobile par rapport au systme en mouvement, il y a pas dĠaddition des vitesses de la lumire et du mouvement]. La deuxime possibilitŽ Žtait celle de lĠabsence totale de rŽsistance : dans ce cas la vitesse relative de lĠŽther et de la matire devait tre Žgale ˆ la vitesse absolue de dŽplacement de la matire [les vitesses sĠajoutent]. LĠŽther, lui devait rester immobile [par rapport au systme au repos]. Enfin, la troisime possibilitŽ Žtait celle de la rŽsistance partielle : une partie seulement de mouvement de la matire devait tre communiquŽe ˆ lĠŽther . È[38]

Lorentz et Fitzgerald font lĠhypothse mixte dĠun Žther immobile [par rapport au systme en mouvement] qui propagerait la lumire [et dĠune manire gŽnŽrale les ondes ŽlectromagnŽtiques] et celle dĠun mouvement relatif ˆ lĠŽther (vent dĠŽther) que lĠon pourrait mettre en Žvidence par rapport ˆ la terre[39].

Conduites avec la prŽcision de lĠŽpoque, les expŽriences (1881-1887) de Michelson et Morley - dŽjˆ citŽes - ne montrrent pas lĠexistence dĠun vent dĠŽther[40] ce qui Ç jeta les physiciens dans un grand embarras È.

Ç Pour tirer la thŽorie de cet Žtat f‰cheux, Lorentz et Fitzgerald supposrent que le mouvement dĠun corps par rapport ˆ lĠŽther produit en lui un raccourcissement dans la direction de son mouvement, qui fait prŽcisŽment dispara”tre la diffŽrence de temps en question [diffŽrence entre le temps de trajet des deux rayons dans lĠexpŽrience]. Une comparaison avec les rŽflexions du chapitre XII montre que ce moyen Žtait aussi le bon au point de vue de la thŽorie de la relativitŽ. Mais lĠinterprŽtation de la situation est incomparablement plus satisfaisante. DĠaprs elle, il nĠexiste pas de systme de coordonnŽes privilŽgiŽ qui donne lieu ˆ introduire lĠidŽe dĠŽther, ni, par consŽquent de vent dĠŽther, ni dĠexpŽrience pour le mettre en Žvidence. La contraction des corps en mouvement suit, ici, sans hypothses spŽciales les deux principes fondamentaux. È[41]

Ainsi Einstein, tout en considŽrant que le vent dĠŽther ne remettrait pas en question la relativitŽ restreinte, considre que son intervention est inutile (pour ce qui est de la relativitŽ restreinte).

Dans sa confŽrence du 5 mai 1920, reprise et traduite dans ÒRŽflexions sur lĠŽlectrodynamique, lĠŽther, la gŽomŽtrie et la RelativitŽÓ, Gauthier-Villars, 1972, Livre II, il expose le point de vue de Lorentz quĠil qualifie de Ç merveilleuse simplification È [ !] ainsi que la propriŽtŽ de lĠŽther dĠtre pour celui-ci immobile [par rapport au systme en mouvement, ce que confirme lĠexpŽrience nŽgative de Michelson]. Mais pour des raisons de ÒsymŽtrieÓ il estime que les deux systmes (celui de la matire et celui des champs ŽlectromagnŽtiques) doivent tre tout ˆ fait Žquivalents : Ç lĠŽther ne peut tre en mouvement par rapport ˆ lĠun et en repos par rapport ˆ lĠautre È. Il pense que : Ç la matire et le rayonnement ne sont tous les deux que des formes particulires de lĠŽnergie Žparse È. Il confirme son opinion sur lĠinutilitŽ de lĠŽther, cependant : Ç cette nŽgation de lĠŽther nĠest pas nŽcessairement exigŽe par le principe de la relativitŽ restreinte È. Mais les lignes de force dĠun champ ne peuvent tre considŽrŽes comme Ç quelque chose de matŽriel È. Il conclut [toujours concernant la relativitŽ restreinte] : Ç lĠhypothse de lĠŽther comme telle ne contredit pas la thŽorie de la relativitŽ restreinte. Il faut seulement se garder dĠattribuer ˆ lĠŽther un Žtat de mouvement È.

Toutefois, ˆ la suite des thŽories de Mach et dans la perspective de la relativitŽ, non plus restreinte, mais gŽnŽrale, Einstein rejette lĠidŽe dĠun espace physiquement vide. Ç Par lˆ la notion dĠŽther a de nouveau acquis un contenu prŽcis, contenu certes qui diffre de celui de lĠŽther de la thŽorie ondulatoire de la lumire. LĠŽther de la thŽorie gŽnŽrale est un milieu privŽ de toutes les propriŽtŽs mŽcaniques et cinŽmatiques, mais qui dŽtermine les phŽnomnes mŽcaniques (et ŽlectromŽcaniques). È Il ajoute : Ç ce serait naturellement un progrs considŽrable, si lĠon rŽussissait ˆ rŽunir, en une reprŽsentation unique le champ de gravitation et le champ ŽlectromagnŽtique. È

Ç En rŽsumant, nous pouvons dire : dĠaprs la thŽorie de la relativitŽ gŽnŽrale, lĠespace est douŽ de propriŽtŽs physiques ; dans ce sens par consŽquent un Žther existe. Selon la thŽorie de la relativitŽ gŽnŽrale, un espace sans Žther est inconcevable, car non seulement la propagation de la lumire y serait impossible, mais il nĠy aurait mme aucune possibilitŽ dĠexistence pour les rgles et les horloges, et par consŽquent aussi pour les distances spatiales temporelles dans le sens de la physique. Cet Žther ne doit cependant pas tre conu comme Žtant douŽ de la propriŽtŽ qui caractŽrise les milieux pondŽraux, cĠest ˆ dire comme constituŽ de parties pouvant tre suivies dans le temps : la notion de mouvement ne doit pas lui tre appliquŽe. È

La communautŽ scientifique a retenu lĠinterprŽtation dĠEinstein (pas de vent dĠŽther). Les Žtudes dĠAllais reprenant les analyses faites par Dayton Miller[42] sur ses expŽriences qui annonaient un Ç vent dĠŽther È de 6 km/sec nĠont pas ŽtŽ validŽes. Il semble que, compte tenu des Žcarts observŽs, cette valeur nĠest pas statistiquement significative[43].

La relativitŽ et les quanta

Max Planck (1858-1947), qui Žtudiait le rayonnement, est ˆ lĠorigine de la notion de quanta, mais cĠest Einstein qui fournit lĠexplication de lĠeffet photoŽlectrique dŽcouvert par Hertz en 1877[44] : cĠest lĠabsorption du quantum de lumire, appelŽ plus tard photon qui provoque, dans certaines conditions, lĠŽmission dĠŽlectrons. Einstein exposera sa dŽmonstration dans un article des ÒAnnalen der PhysikÓ en mars 1905, avant mme la publication de lĠarticle sur la relativitŽ restreinte.

Il faut remarquer que cĠest "pour ses services ˆ la Physique thŽorique et spŽcialement pour ses dŽcouvertes de la loi et de lĠeffet photoŽlectrique"[45] quĠil reut le prix Nobel de physique en 1921, et non pour la thŽorie de la relativitŽ jugŽe encore non confirmŽe[46].

Einstein eut bien conscience des contradictions entre la thŽorie des quanta dŽveloppŽe par la suite[47] et ses propres thŽories. Ds 1920, il Žcrivait[48] : Ç Nous ne devons pas en outre, en pensant au proche avenir de la Physique thŽorique, Žcarter sans autre faon la possibilitŽ que les faits accumulŽs par la thŽorie des quanta pourraient dresser devant la thŽorie du champ des limites infranchissables[49] È.

Einstein resta toute sa vie prŽoccupŽ par la dŽcouverte dĠune thŽorie unitaire.

 

III. APPLICATIONS DE LA THƒORIE DE LA RELATIVITƒ

RelativitŽ restreinte

RelativitŽ de lĠespace et du temps : guidage des satellites, synchronisation des horloges, tŽlŽmesures laser, systme de positionnement par satellites, etc.

Relation masse-Žnergie : applications de lĠŽnergie nuclŽaire ˆ des fins militaires ou pacifiques, etc.

RelativitŽ gŽnŽrale

Elles concernent notamment lĠastronomie.

1. Le Verrier avait trouvŽ en 1859 une anomalie sur le passage au pŽrihŽlie de Mercure. Einstein lĠexplique par sa thŽorie.

2. Einstein prŽdit quĠune masse importante dŽforme le champ gravitationnel et dŽvie les rayons lumineux ˆ proximitŽ. Einstein calcule la dŽviation. Peu de temps aprs lĠŽnoncŽ de sa thŽorie une expŽrience menŽe ˆ lĠoccasion dĠune Žclipse de soleil confirme son calcul. MalgrŽ quelques contestations sur la valeur significative des Žcarts constatŽs, cette expŽrience est validŽe. Elle conna”t une confirmation par les dŽviations constatŽes sur les images des galaxies (effet des Òlentilles gravitationnellesÓ).

3. Einstein annonce que la frŽquence des horloges dŽpend du champ de gravitation dans lequel elles se trouvent.[50] Il en dŽduit le dŽplacement vers le rouge des raies spectrales des objets de lĠunivers en mouvement. Ce phŽnomne dŽsignŽ de nos jours par ÒredshiftÓ est intŽgrŽ dans les thŽories cosmologiques, notamment lĠexpansion de lĠunivers de Hubble[51].

4. La relativitŽ gŽnŽrale introduit des corrections aux mesures du temps et de lĠespace pour les mouvements non rectilignes et uniformes.

5. La transformation masse-Žnergie Žtant rŽversible, la thŽorie prŽvoit la possibilitŽ de crŽer des antiparticules. Les positons sont utilisŽs en imagerie mŽdicale (PET, Positon Emission Tomography).

 

IV. RƒSUMƒ

La thŽorie ŽlectromagnŽtique de la lumire de Maxwell suppose un principe de constance absolue de la vitesse de la lumire, quĠaucune expŽrience nĠa jusquĠˆ prŽsent pu mettre en dŽfaut. Cette vitesse, mesurŽe expŽrimentalement, a une valeur trs ŽlevŽe mais finie.

On peut dŽmontrer que ce principe est en contradiction avec la rgle dĠaddition des vitesses de la mŽcanique classique - cinŽmatique - appliquŽe ˆ deux systmes de rŽfŽrence dont lĠun est en mouvement rectiligne et uniforme par rapport ˆ lĠautre (systmes galilŽens).

La contradiction dispara”t si lĠon introduit dans les relations (formules) reliant les coordonnŽes des deux systmes un terme correctif (transformation de Lorentz) dont il rŽsulte :

- que le temps mesurŽ sur un systme mobile dŽpend de la vitesse de ce systme par rapport ˆ un autre supposŽ au repos,

- que lĠespace parcouru par le systme mobile dŽpend aussi de cette vitesse.

Le temps et lĠespace ne sont plus absolus.

Einstein en dŽduit Žgalement que la masse dĠun corps est liŽe ˆ son Žnergie par la formule maintenant cŽlbre : E=Mc2.

Les formules relativistes (temps, espace, addition des vitesses, liaison masse-Žnergie) sont dĠapplication constante de nos jours : tables astronomiques, guidage des satellites, synchronisation des horloges embarquŽes de trs haute prŽcision, tŽlŽmesures laser, systme de positionnement par satellites, centrales nuclŽairesÉ.[52].

Le thŽorie de la relativitŽ restreinte qui en est lĠexpression thŽorique est une extension  du principe de relativitŽ de GalilŽe ˆ la thŽorie ŽlectromagnŽtique de Maxwell . Ce principe est Ç unitaire È. Il permet dĠunifier la cinŽmatique classique et la thŽorie ŽlectromagnŽtique moyennant lĠapplication de la transformation de Lorentz pour passer des coordonnŽes dĠun systme de rŽfŽrence galilŽen ˆ celles dĠun autre systme en mouvement par rapport ˆ lui.

Les coordonnŽes euclidiennes dŽfinissant un espace rigide, de mme que la mesure du temps de la mŽcanique classique o espace et temps sont indŽpendants du dŽplacement relatif des systmes, ne conviennent plus.

Parmi dĠautres systmes, Einstein a choisi lĠespace-temps ˆ quatre dimensions de Minkowski et les coordonnŽes sphŽriques de Gauss. Son espace-temps est dŽformable (image du ÒmollusqueÓ). CĠest dans cet espace que sĠexerce le champ de gravitation.

GalilŽe avait dŽjˆ montrŽ par ses expŽriences sur la chute des corps lĠŽgalitŽ de la masse inerte et de la masse pesante. Cette propriŽtŽ de la matire incite Einstein ˆ Žtendre le principe de relativitŽ ˆ des corps en mouvement accŽlŽrŽ[53].

Il Žnonce la thŽorie gŽnŽrale de la relativitŽ par la formule suivante : Ç Tous les systmes de coordonnŽes de Gauss sont en principe Žquivalents pour la formulation des lois gŽnŽrales de la nature È. AujourdĠhui, les mesures astronomiques et spatiales du temps en tiennent compte.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Sites internet

Annalen der Physik, Articles de Einstein (1901-1922) :

http://www.physik.uni-augsburg.de/annalen/history/Einstein-in-AdP.htm

Site officiel du prix Nobel. Prix Nobel de Physique : http://nobelprize.org/nobel_prizes/physics/laureates/

Astrosurf. Projet Luxorion : http://www.astrosurf.com/luxorion/menu-relativite.htm

EncyclopŽdie WikipŽdia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_de_relativitŽ

Thomas J. Roberts, An Explanation of Dayton MillerĠs Anomalous ÒEther DriftÓ Result :http://arxiv.org/ftp/physics/papers/0608/0608238.pdf

Site de Maurice Allais : http://allais.maurice.free.fr/index.htm

Michel Paty, Paul Langevin (1872-1946), la relativitŽ et les quanta, Bulletin de la SociŽtŽ

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Christian Bracco, Jean-Pierre Provost, Einstein, PoincarŽ et la thŽorie de la relativitŽ restreinte, Conf. ENS 12 mai 2005 : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=710

Anatoly Logunov, ƒdition et commentaires des articles de 1905 et 1906 de PoincarŽ (v. ci-desous), 1980, trad.2000 : http://www.annales.org/archives/x/poincare.html

R Toncelli, F.Balibar, Einstein et PoincarŽ, une affaire de principes : http://www.google.fr/search?q=einstein+et+poincar%C3%A9%2C+une+affaire+de+principe&ie=utf-8&oe=utf-8&aq=t&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a

Michel Paty, PoincarŽ, Langevin et Einstein, 2002, : http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00170722/en/

H.PoincarŽ, Textes numŽrisŽs in : http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/philo/textesph/default.htm - poinca

Darigol, Faut-il rŽviser lĠhistoire de la relativitŽ ?, 2004 :http://www.academie-sciences.fr/membres/in_memoriam/Generalites/Darrigol _amp.pdf

 

 

Ouvrages

(consultables ˆ la Bibliothque Ste Genevive ˆ Paris)

 

GalilŽo Galilei, Dialogues sur les deux grands systmes du monde, 1632, Trad. RenŽ FrŽreux, Seuil, 1992.

A. Einstein, †ber die spezielle und allgemeine RelativitŠtstheorie, F. Vieweg & Sohn, Braunschweig, 1920.

A. Einstein, La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽrale, Trad. M. Solovine, PrŽf. Marc Lachize-Rey, Dunod, Ždition 2004.

A. Einstein, La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽralisŽe, Trad. Mlle J. Rouvire, PrŽf. ƒ. Borel, Gauthier-Villars, 1921.

A. Einstein, RŽflexions sur lĠŽlectrodynamique, lĠŽther, la gŽomŽtrie et la RelativitŽ, Trad. M. Solovine et M.A. Tonnelat Gauthier-Villars, 1972.

A. Einstein, Lettres ˆ Solovine, Gauthier-Villars, 1956.

Franoise Balibar, EinsteinÒLa joie de la pensŽeÓ, Collection DŽcouvertes, Gallimard, 1993.

Jean Claude Boudenot, Comment Einstein a changŽ le monde, EDP Sciences ƒditions, 2005.

A.Einstein-Leopold Infeld, LĠŽvolution des idŽes en physique, traduit de lĠanglais par Solovine, Flammarion,1983.

Les Cahiers de Science et Vie, Einstein, Hors SŽrie, NĦ 16, aožt 1993.

PoincarŽ H., Sur la dynamique de lĠŽlectron, in Rendiconti del Circolo Matematico di Palermo, XXI, p. 129-175, 1906, et aussi PoincarŽ H., Îuvres Tome IX p.494-550. (ce dernier ˆ la B.S.G.), numŽrisŽ sur :

http://fr.wikisource.org/wiki/Sur_la_dynamique_de_l%27Žlectron_(juillet)/I

H. PoincarŽ, La Dynamique de l'Žlectron, 64 p., ConfŽrences  ˆ lĠƒcole supŽrieure des Postes, SupplŽment aux Annales des postes, tŽlŽgraphes et tŽlŽphones, mars 1913.

Autres ouvrages

Clairaut, Sur la manire la plus simple dĠexaminer si les ƒtoiles fixes ont une parallaxe, Histoire de lĠAcadŽmie royale des Sciences, AnnŽe 1739, Imprimerie royale, Paris (disponible sur Gallica).

PoincarŽ, Sur la dynamique de lĠŽlectron, Compte rendu de lĠacadŽmie des sciences, SŽance du 5 juin 1905, T. CXL (disponible sur Gallica).

 

CD

Franoise Balibar Thilbault Damour, Einstein, (2 CD), Collection Sciences, De ViveVoix.


II EINSTEIN - COMPLƒMENTS

Mise ˆ jour 18/12/2012

1. Einstein a-t-il dŽcouvert la thŽorie de la relativitŽ ?

Depuis les annŽes 1920, des discussions, voire des polŽmiques pseudo-scientifiques, parfois teintŽes dĠantisŽmitisme, ont lieu autour de la question de savoir quel Žtait le vŽritable auteur de la thŽorie de la relativitŽ.

Il ne fait pas de doute que lorsque en septembre 1905 Einstein publia son article fondateur (remis le 30 juin) dans les Annalen der Physik, ÒSur lĠŽlectrodynamique des corps en mouvementÓ, la thŽorie de la relativitŽ restreinte Ç Žtait dans lĠair du temps[54] È. Dans sa prŽface ˆ la traduction[55] du Òpetit livreÓ Žcrit par Einstein en 1916 pour mettre la thŽorie ӈ la portŽe de tout le mondeÓ (gemeinverstŠndlich) : ÒLa thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽralisŽeÓ, ƒmile Borel[56] conclut : Ç (É) PoincarŽ (1854-1912) et Lorentz (1853-1928) avaient entrevu dĠimportants fragments [de la thŽorie] mais Einstein aura la gloire dĠavoir ŽtŽ le premier ˆ concevoir clairement le plan È.

Reprenons quelques jalons de lĠhistoire des connaissances autour de la thŽorie.

Sur la vitesse de la lumire.

Clairaut[57], Žtudiant le phŽnomne dĠaberration dž ˆ la vitesse relative de la Terre sur son orbite par rapport au rayon lumineux venant des Žtoiles[58], conclut en 1739 que Ç la lumire de toutes les Žtoiles est Žgalement ÒprompteÓ È[59] .

Arago[60], en 1818, Žcrit : Ç La vitesse avec laquelle se propagent les ondes lumineuses est indŽpendante du mouvement des corps dont elles Žmanent È.[61]

Sur lĠŽther.

Ds 1816, Arago Žtudiant les variations du spectre des Žtoiles constate des anomalies liŽes ˆ la thŽorie du Ç vent dĠŽther È en vigueur ˆ lĠŽpoque et qui Žtait nŽcessaire, dans un thŽorie ondulatoire de la lumire, pour expliquer lĠaberration des Žtoiles. Il Žcrit ˆ Fresnel qui introduit une  formule prenant en compte la densitŽ du milieu. Fizeau vŽrifie cette formule en 1851[62].

Maxwell dans un article de lĠEncyclopedia Britannica de 1878, fait Žtat deÇ lĠaccroissement de la durŽe pour effectuer le voyage aller-retour dĠun point ˆ un autre dž ˆ la vitesse relative de lĠŽther [vent dĠŽther] È.[63]

Ë la surprise gŽnŽrale, dans leurs expŽriences de 1881-87, Michelson et Morley ne trouvent pas de vent dĠŽther. Mais la notion dĠŽther nĠest pas abandonnŽe pour autant.

PoincarŽ, en 1889, Žcrit que lĠŽther est une hypothse commode[64] Ç seulement elle ne cessera jamais de lĠtre tandis quĠun jour viendra sans doute o lĠŽther sera rejetŽ comme inutile È.[65] Einstein reprendra cette thse de lĠŽther inutile et en donnera les raisons.

Lorentz, en 1892, pour interprŽter lĠexpŽrience de Michelson introduit lĠhypothse de la contraction des longueurs dans le sens du mouvement. Apprenant que Fitzgerald avait fait la mme hypothse en 1889, il lĠassociera ˆ la sienne. [66]

Lorentz encore, en 1895, pour rendre compte de lĠŽchec des expŽriences de Michelson, met au point le formalisme des transformations qui portent son nom.[67] [Voir ci-dessous leur ÒbaptmeÓ par PoincarŽ.]

Sur la thŽorie de Lorentz.

PoincarŽ en 1898 considre que les hypothses de raccourcissement des longueurs [Lorentz-Fitzgerald] Žtaient un peu faites pour les besoins de la cause - Ç il fallait une explication, on lĠa trouvŽe ; on en trouve toujours È -, mais il Žcrit tout de mme Ç ce que nous avons de plus satisfaisant cĠest la thŽorie de Lorentz ; cĠest sans contredit elle qui rend le mieux compte des faits connus, celle qui met en lumire le plus grand nombre de rapports vrais, celle dont on retrouvera le plus de traces dans la construction dŽfinitive È.[68]

Cependant, PoincarŽ apporta sa pierre ˆ lĠŽdifice. Dans ÒLa science et lĠhypothseÓ encore, (p. 111) il affirme quĠil nĠy a pas dĠespace absolu (É), de temps absolu.[69]

En 1904, Lorentz complte ses travaux et introduit Ç lĠaugmentation de la masse avec la vitesse È.[70]

En 1904 Žgalement (confŽrence faite le 24 septembre au Congrs international des Arts et de la Science de St Louis US[71]), PoincarŽ Žnonce Ç le principe de relativitŽ[72], dĠaprs lequel les lois des phŽnomnes physiques doivent tre les mmes soit pour un observateur fixe, soit pour un observateur entra”nŽ dans un mouvement uniforme È, et aussi que Ç aucune vitesse ne pourrait dŽpasser celle de la lumire È. Pour la thŽorie (1905) il sĠen rŽfre encore ˆ Lorentz : Ç Un point essentiel Žtabli par Lorentz, cĠest que les Žquations du champ ŽlectromagnŽtiques ne sont pas altŽrŽes par une certaine transformation (que jĠappellerai du nom de Lorentz) [73]. È

PoincarŽ ne sĠest donc jamais considŽrŽ comme lĠauteur dĠune thŽorie portant essentiellement, ˆ lĠŽpoque, sur les consŽquences de la thŽorie ŽlectromagnŽtique de Maxwell sur la mŽcanique classique : cĠest bien Lorentz quĠil en considŽrait comme ÒleaderÓ[74]. Il est dĠailleurs Žtonnant de constater que PoincarŽ, dans les confŽrences quĠil fit en juillet 1912[75], ˆ lĠƒcole professionnelle supŽrieure des Postes et des TŽlŽgraphes[76], sous le titre Dynamique de lĠŽlectron [77] peu de temps avant  sa mort, ignore Einstein[78]. Il y reprend la thŽorie de Lorentz (Žther immobile, contraction des corps dans le sens du mouvement etc.) en complŽtant quelques formules. Dans la longue introduction quĠil fit ˆ la publication de ces confŽrences, rŽdigŽes par un Žlve aprs la mort de PoincarŽ, M. Pomey[79], ingŽnieur en chef des Postes et TŽlŽgraphes, rŽsume parfaitement lĠŽtat de la thŽorie de la relativitŽ telle quĠelle Žtait apprŽhendŽe ˆ cette Žpoque :

Ç Cette thŽorie a son origine dans les travaux de H.A. Lorentz qui a cherchŽ ˆ rendre compte de lĠimpossibilitŽ de mettre en Žvidence par des expŽriences dĠoptique le mouvement absolu de la matire par rapport ˆ lĠŽther. Ses idŽes sont rŽunies dans lĠouvrage paru ˆ Leyden en 1895 Versuch einer Theorie der electrischen und optischen Erscheinungen in bewegten Kšrpern . Cette thŽorie expliquait le rŽsultat nŽgatif de toutes les expŽriences faites jusquĠalors (É). M. PoincarŽ dans son ouvrage Ç ƒlectricitŽ et Optique È (ƒdition de 1901) [p.536[80]] dŽclarait ˆ ce sujet : Ç je dois dire ici mon sentiment : je regarde comme trs probable que les phŽnomnes optiques ne dŽpendent que des mouvements relatifs des corps matŽriels en prŽsence, sources lumineuses ou appareils optiques et cela non pas aux quantitŽs prs de lĠordre du carrŽ ou du cube de lĠobservation, mais rigoureusement. Ë mesure que les expŽriences deviendront plus prŽcises, ce principe sera vŽrifiŽ avec plus de prŽcision È. En 1904, H.A. Lorentz avait modifiŽ sa thŽorie de faon ˆ rendre compte de toutes les observations y compris celles de Michelson. Il emploie dŽjˆ la Ç transformation de Lorentz È. La confiance quĠinspiraient les Žquations du champ magnŽtique Žtait si forte quĠon ne songeait pas ˆ les corriger, mais quĠon sĠattaqua ˆ la cinŽmatique et ˆ la mŽcanique, en imaginant quĠelles devaient tre affectŽes par le mouvement absolu de faon ˆ compenser lĠinfluence de ce mouvement sur les phŽnomnes de lĠŽlectrodynamique. Mais cĠest dans le 17 volume des Annales de Physique, 1905, quĠon trouve  le travail dĠEinstein sur le principe de relativitŽ envisagŽ dĠune faon mŽthodique. È

Pour tenter dĠtre complet, on ne peut passer sous silence lĠarticle envoyŽ par PoincarŽ le 23 juillet 1905 au Cercle de mathŽmatique de Palerme[81]. Cet article - qui avait ŽtŽ prŽcŽdŽ de la note de quatre pages publiŽe dans le compte rendu ˆ lĠacadŽmie des sciences du 5 juin 1905 dŽjˆ citŽ - fut publiŽ en janvier 1906. Il est dĠune lecture trs difficile et comporte de nombreuses pages de calcul. Analysant ce texte, lors de la confŽrence du 12 mai 2005 Žgalement citŽe, Christian Bracco et Jean Pierre Provost, ont montrŽ que PoincarŽ, sĠinspirant explicitement du principe de relativitŽ et des transformations modifiŽes de Lorentz constituant un Ç groupe È au sens mathŽmatique, a dŽmontrŽ lĠinvariance de ces transformations sur les Žquations de Maxwell[82]. Ainsi, par des voies mathŽmatiques, PoincarŽ, pratiquement en mme temps que Einstein, a prŽsentŽ une vŽritable thŽorie de la relativitŽ au sens moderne. Cependant, nous remarquons quĠil aurait pu alors Žliminer lĠŽther - ce dont il avait lĠintuition ; les confŽrences faites plus tard ˆ lĠƒcole supŽrieure des Postes montrent quĠil ne lĠa pas fait.

Nous savons aussi que lors des sŽances de lecture de ÒlĠAcadŽmie OlympiaÓ, rŽunissant Einstein, Solovine et Habicht entre 1902 et 1905, PoincarŽ fut ŽtudiŽ avec beaucoup dĠattention.[83]

En juin 1905 donc, Einstein reprendra tous les ŽlŽments de la thŽorie, ˆ partir des Žquations de Maxwell[84] et en donnera sa propre interprŽtation dont lĠessentiel est quĠil considre lĠŽther comme inutile[85] [pour la relativitŽ restreinte]. Il donne sa dŽmonstration des formules de Lorentz et le cite alors[86], comme il le citera maintes fois dans lĠouvrage de vulgarisation citŽ ci-dessus.

Sur lĠŽquivalence de la masse et de lĠŽnergie : E=Mc2

Le mŽmoire dĠEinstein, publiŽ sur trois pages (texte original) dans les Annalen der Physik en novembre 1905 (remis en septembre), se prŽsente seulement comme Ç une consŽquence trs intŽressante È de lĠarticle de juin (paru en septembre). Il y dŽmontre la relation masse-Žnergie ˆ partir des Žquations de Maxwell.

Ç Dans un article paru en 1900[87], Henri PoincarŽ avait ŽtŽ le premier ˆ avoir dŽcouvert lĠŽquivalence entre la masse et lĠŽnergie È [il sĠagissait de la pression de radiation] ; ainsi PoincarŽ aurait pu Žcrire la fameuse formule E=Mc2, mais - lˆ encore - il ne lĠa pas fait.[88]

Einstein reconna”t formellement avoir eu connaissance du mŽmoire de PoincarŽ de 1900 et en donne mme la rŽfŽrence dans un article de juin1906, ÒLe principe de conservation du centre de gravitŽ et lĠinertie de lĠŽnergie Ó. Il y Žcrit que Ç ses rŽsultats [les siens] sont dŽjˆ contenus pour lĠessentiel dans un mŽmoire de H. PoincarŽ ; pour plus de clartŽ, je ne prendrai cependant pas appui sur ce mŽmoire È.[89]

Plus gŽnŽralement Ç ni Einstein ni PoincarŽ [mort avant que ne soient publiŽs les textes sur la relativitŽ gŽnŽrale] n'ont revendiquŽ une quelconque paternitŽ de la relativitŽ restreinte. La controverse a donc ŽtŽ dŽclenchŽe et entretenue par les historiens des sciences et non par les intŽressŽs eux-mmes. È[90] Pour sa part Lorentz reconnaissait les avancŽes techniques de PoincarŽ[91].

Quant ˆ Einstein et Lorentz, ils sont restŽs en bons termes. Ils ont Ç ŽchangŽ des lettres bien aprs la publication de la relativitŽ restreinte.[92] È CĠest Lorentz qui a annoncŽ ˆ son cadet le succs de lĠexpŽdition de 1919 montrant la dŽviation des rayons lumineux.[93] Einstein a prononcŽ son oraison funbre en 1928.[94]

Tout ceci concerne la relativitŽ restreinte (mouvements rectilignes et uniformes). Pour ce qui est de la relativitŽ gŽnŽrale (extension ˆ la gravitation), lĠapport de Einstein est beaucoup plus original. Ds 1911 il indiquait la courbure des rayons lumineux dans un champ de gravitation[95]. Certes, cĠest Minkowski qui a introduit lĠespace-temps ˆ quatre dimensions. Einstein le reconna”t : sans Minkowski, la thŽorie de la relativitŽ gŽnŽrale Ç serait peut-tre restŽe au maillot È.

Il eut toujours des difficultŽs avec les mathŽmatiques. Il est connu que ces difficultŽs lĠavaient conduit ˆ se faire aider par son ami Marcel Grossmann (1878-1936), mathŽmaticien hongrois, pour sa thŽorie de la relativitŽ gŽnŽrale. Il ne sĠen cachait pas. Le 25 novembre 1948, dŽsabusŽ, il Žcrivait : Ç Dans mon activitŽ scientifique je suis toujours entravŽ par les mmes difficultŽs mathŽmatiques qui me rendent impossible la confirmation ou la rŽfutation de ma ThŽorie gŽnŽrale relativiste du champ, bien que jĠai comme collaborateur un jeune mathŽmaticien trs fort. Je nĠen viendrai plus ˆ bout ; elle tombera dans lĠoubli et sera de nouveau dŽcouverte plus tard. CĠest ce qui est dŽjˆ arrivŽ ˆ beaucoup de problmes. È[96]

Il est notoire que David Hilbert (1862-1943), mathŽmaticien gŽnial, avec lequel il a prononcŽ ˆ Gšttingen une sŽrie de lectures sur la relativitŽ gŽnŽrale en juin 1915, lui a apportŽ une aide trs importante pour la mise en Žquation aux dŽrivŽes partielles de la thŽorie. Mais cĠest avec lĠaccord de Hilbert, reconnaissant par lˆ que Einstein Žtait bien lĠauteur de la thŽorie, que ces Žquations portent le nom de ce dernier.[97]

Par ailleurs aucun document nĠa pu confirmer un tŽmoignage qui prŽtend que lĠoriginal de lĠarticle fondateur a ŽtŽ cosignŽ par son Žpouse Mileva Maric, physicienne, sa condisciple au Politechnikum de ZŸrich ni que celle-ci a collaborŽ ˆ son travail.

 

CĠest ˆ une grande aptitude pour exposer clairement et communiquer ses travaux, mme au grand public[98], que Einstein dut sa popularitŽ. Il eut aussi ˆ faire face ˆ des oppositions injustes ainsi quĠˆ lĠantisŽmitisme.

Pour la relativitŽ restreinte, il est le seul ˆ lĠavoir exposŽe dans son ensemble avec clartŽ.

En ce qui concerne ses consŽquences sur la relation masse-Žnergie, dont les applications, majeures dans le domaine nuclŽaire, ont ŽtŽ longtemps ignorŽes, il est connu pour lĠŽnoncŽ de la relation E = Mc2, bien que PoincarŽ en ait donnŽ les prŽmices.

Pour la relativitŽ gŽnŽrale, qui continue ˆ faire lĠobjet de recherches tant thŽoriques quĠexpŽrimentales, et qui nĠa jamais ŽtŽ mise en Žchec ˆ ce jour, ses contributions sont totalement innovantes.

Einstein lui-mme se donne un objectif cosmologique : dans son livre dĠinitiation de 1916, citŽ ci-dessus, il fournit une formule donnant la densitŽ de lĠunivers.[99]

GalilŽe avait exposŽ les deux grands systmes du monde : lĠaristotŽlicien et le copernicien. Celui-ci sĠest imposŽ : il nĠy a pas de place privilŽgiŽe dans lĠunivers.

La thŽorie de la relativitŽ gŽnŽralise ce principe appliquŽ dĠabord ˆ la mŽcanique.

Pour supprimer une contradiction entre la mŽcanique de GalilŽe-Newton et la thŽorie ŽlectromagnŽtique de la lumire dŽveloppŽe au XIXe sicle par Maxwell, elle rend lĠespace et le temps relatifs. Ce faisant elle adopte un espace-temps ˆ quatre dimensions, dŽformable dans le champ de la pesanteur.

Mais dĠautres contradictions prennent naissance.

En 1920, Einstein, qui avait publiŽ en 1905 un article sur le quantum de lumire et expliquŽ lĠeffet photoŽlectrique - qui lui vaudra en 1921 le prix Nobel de physique - dŽclare que la thŽorie des quanta pourrait Ç dresser devant la thŽorie du champ des limites infranchissables È. Il ajoute une constante (constante cosmologique) ˆ ses Žquations, on y rajoute une constante quantique[100]. Le dŽsaccord subsiste toujours. Par la suite Einstein a supprimŽ le terme cosmologique.

Plus rŽcemment deux sondes spatiales Pioneer 10 et 11 ont montrŽ des diffŽrences entre leur trajectoire observŽe et la trajectoire attendue..[101]

Plus rŽcemment encore, le18 juin 2007, une confŽrence de Peter Wolf (BIPM - SYRTE/Observatoire de Paris) a rendu compte dĠexpŽriences de physique fondamentale, comme des tests d'invariance de Lorentz ou bien une recherche de la variation temporelle des constantes fondamentales, effectuŽes avec les rŽsonateurs ultra stables et les horloges atomiques du SYRTE. Par ailleurs, des expŽriences astrophysiques (spectroscopie des quasars) ont permis de mettre des limites sur la variation des constantes fondamentales sur des Žchelles de temps trs longues, certains de ces rŽsultats affirmant une valeur diffŽrente des constantes dans le passŽ (ÒredshiftsÓ de 0,5 < z < 3,5).

 

 

 

Pour finir, Einstein nĠa pas dŽcouvert la relativitŽ comme Le Verrier a dŽcouvert Neptune. Le relativitŽ est un concept nŽ dĠune observation banale quoique surprenante dont GalilŽe a donnŽ le premier, par une reprŽsentation imagŽe, le caractre de principe. Ce concept restait cohŽrent avec les lois mŽcaniques du mouvement des objets matŽriels dŽmontrŽes par Kepler et Newton. LĠŽtude de la lumire et dĠune faon gŽnŽrale des ondes ŽlectromagnŽtiques qui se propagent ˆ une vitesse finie mais trs grande - notamment la thŽorie diffŽrentielle de Maxwell - a rŽvŽlŽ des contradictions avec la mŽcanique classique. LĠexpŽrience fondamentale de Michelson et Morlay a montrŽ quĠil est impossible de dŽceler ce Ç vent dĠŽther È que lĠon croyait indispensable, notamment pour expliquer, dans une optique ondulatoire, lĠaberration de la lumire. Pendant le dernier quart du XIX sicle, des mathŽmaticiens et des physiciens, Mach, Hertz, PoincarŽ, Lorentz, Abraham, Kaufmann etc, ont apportŽ des ŽlŽments prŽcurseurs de la relativitŽ ou mme Ç relativistes È pour rŽsoudre la contradiction - dont la transformation de Lorentz . Einstein, adoptant cette transformation et rejetant le vent dĠŽther, prŽsente une thŽorie complte gŽnŽralisant le principe de relativitŽ de GalilŽe. Par son article de mars 1905 sur les quanta de lumire, il a ouvert une approche Ç discrte È de la physique moderne. PoincarŽ qui exposa, la mme annŽe que Einstein[102] une thŽorie relativiste conserve une dynamique de lĠŽlectron Ç ondulatoire È. De la thŽorie dĠEinstein prolongŽe par la relativitŽ gŽnŽrale sont nŽes des observations et des applications non seulement compatibles avec elle, mais souvent prŽvues par leur auteur. La prŽcision sans cesse croissante de nos instruments de mesure suggre des limites ˆ son champ dĠapplication mais, ˆ ce jour celles-ci ne sont pas avŽrŽes. Quant ˆ la thŽorie des quanta, elle-mme largement appliquŽe, elle continue ˆ poser des problmes fondamentaux.

Un jour viendra o une nouvelle thŽorie unitaire englobera ou remplacera la thŽorie einsteinienne.


2. Ses ÒLettres ˆ SolovineÓ.[103]

EXTRAITS

Dans son introduction, Maurice Solovine (1875-1958), Žtudiant ˆ Berne, raconte comment il a fait la rencontre ˆ P‰ques 1902 dĠEinstein, qui, quoique un peu plus jeune que lui, a fini ses Žtudes. Stagiaire au Bureau des Brevets il devait trouver des expŽdients pour gagner sa vie. Einstein avait donc rŽdigŽ une annonce proposant des leons de physique ˆ 3 francs de lĠheure. Solovine rŽpond ˆ cette annonce.

Lors du premier entretien, Einstein lui dit quĠil nĠavait pas besoin de leons mais propose de le rencontrer pour discuter des problmes que pose la physique. Conrad Habicht se joint ˆ eux et ils forment un groupe amical[104] qui se retrouve pour d”ner ensemble et lire des ouvrages de science, de littŽrature et de philosophie : Pearson, Mach, Hume, Riemann, mais aussi Sophocle, Racine, Dickens. La lecture de publications de PoincarŽ retient particulirement leur attention. Einstein joue parfois du violon.

Cette vie intellectuelle dura plus de trois ans. Solovine partit poursuivre ses Žtudes ˆ lĠuniversitŽ de Lyon et vŽcut ensuite ˆ Paris.

 

La correspondance dĠEinstein est reproduite en fac-similŽ sur la page de gauche, en vis ˆ vis ˆ droite, la traduction. Les lettres sont le plus souvent manuscrites. Il y a quelques cartes postales. Einstein Žcrit en lettres romanes et non gothiques[105]. Au total une soixante de correspondances, toutes commenant par Ç Cher Solovine ou cher Solo È. Les lettres de Solovine ne semblent pas avoir ŽtŽ ŽditŽes.

En aožt 1908, Solovine habitait 5 rue de la Huchette ; en mars 1909 il habite 39 boulevard de Port-Royal, il y habite encore en dŽcembre 1929[106].

Extraits des lettres dĠEinstein (traduction) :

3 mai 1906 : Ç Bient™t jĠarriverai ˆ lĠ‰ge stationnaire et stŽrile o on se lamente sur la mentalitŽ rŽvolutionnaire des jeunes. È

16 mars 1921 : Ç Moi aussi je ne suis pas patriotard, et je crois fermement que les Juifs, Žtant donnŽ la petitesse et la dŽpendance de leur colonie en Palestine, seront ˆ lĠabri de la folie de la puissance È.

16 juillet 1922 : Ç LĠantisŽmitisme est trs fort. Les chicanes sans fin de lĠentente frapperont finalement de nouveau les Juifs .È (Einstein est ˆ Berlin)

Pentec™te 1923 : Ç Bergson dans son livre sur la ThŽorie de la relativitŽ a commis de lourdes bŽvues. Dieu lui pardonnera. È

9 avril 1947 : Ç JĠavais dŽjˆ appris la mort de Langevin. Il mĠŽtait un des plus chers, un vŽritable saint, et avec cela extrmement douŽ. È

25 novembre 1948 (citŽe plus haut) : Ç Dans mon activitŽ scientifique je suis toujours entravŽ par les mmes difficultŽs mathŽmatiques qui me rendent impossible la confirmation ou la rŽfutation de ma ThŽorie gŽnŽrale relativiste du champ, bien que jĠai comme collaborateur un jeune mathŽmaticien trs fort. Je nĠen viendrai plus ˆ bout ; elle tombera dans lĠoubli et sera de nouveau dŽcouverte plus tard. CĠest ce qui est dŽjˆ arrivŽ ˆ beaucoup de problmes. È

7 mai 1952 : Ç Ma capacitŽ de travail a dŽjˆ sensiblement diminuŽ. È

27 fŽvrier 1955 : Ç Je viens de surmonter une anŽmie assez grave, dont lĠart mŽdical mĠa dŽbarrassŽ. La charrette court de nouveau dans une certaine mesure, seulement le cerveau est un peu rouillŽ - le diable compte en somme les annŽes consciencieusement, il faut le reconna”tre. È [Einstein est mort le 18 avril 1955.]

 

3. Einstein et la religion.

Ç Je veux savoir comment Dieu a crŽe le monde, je ne mĠintŽresse pas ˆ tel phŽnomne, au spectre de tel ou tel ŽvŽnement : je veux conna”tre ses pensŽes, le reste nĠest que dŽtail. "

 (voir aussi Ç Dieu d'Einstein (Le) È in Trinh Xuan Thuan Ç Dictionnaire amoureux du Ciel et des ƒtoiles È, Paris, 2011, p.226.)

 



[1] Que lĠon dŽsigne aussi au pluriel (Le Robert), en sŽparant la relativitŽ restreinte (spezielle) et la relativitŽ gŽnŽrale (allegemeine). ExposŽes en deux parties distinctes, elles constituent cependant pour Einstein un seul ensemble, la seconde Žtant une gŽnŽralisation de la premire. Franoise Balibar dans sa confŽrence ˆ lĠIAP du 8 septembre 2015 remarque que la traduction franaise de ces ouvrages est dŽfectueuse : cĠest la thŽorie de la relativitŽ (RelativitŠtstheory)  qui est restreinte ( traduction approximative de specielle) ou gŽnŽrale  et non le principe qui est universel mais dĠapplication diverse. Dans le texte qui suit nous avons conservŽ les expressions usuelles de relativitŽ restreinte er gŽnŽrale.

 J.L. Synge, Relativity : the special theory, Amsterdam, 1956, introduisit des coordonnŽes gŽomŽtriques dans lĠexposŽ de la relativitŽ restreinte ; C.W. Misner, K.S. Thorne et J.A. Wheeler, Gravitation, New-York, 1973 gŽnŽralisrent cette usage ˆ la relativitŽ restreinte et permirent lĠextension de cette thŽorie ˆ un mouvement non inertiel (rectiligne uniforme), accŽlŽrŽ ou en rotation. Cette extension est littŽralement une gŽnŽralisation de la relativitŽ restreinte. La relativitŽ gŽnŽrale est plut™t considŽrŽe aujourdĠhui comme une thŽorie gravitationnelle. (V. la confŽrence de Eric Gourgoulhon au sŽminaire Ç Temps & Espace È ,  Observatoire de Paris, 14 6 2010.)

[2] Albert Einstein nŽ ˆ Ulm le 14 mars 1879, mort ˆ Princeton le 18 avril 1955.

[3] LĠŽdition de 1920, Žditeur Friedrich Vieweg & Sohn in Braunschweig, est consultable ˆ la Bibliothque Ste Genevive (BSG) ˆ Paris.

[4] (1875-1958), mathŽmaticien, dĠorigine roumaine, ami et traducteur dĠEinstein qui lui a Žcrit ses Lettres ˆ Maurice Solovine, Gauthier-Villars, 1956.

[5] Nous avons consultŽ ˆ la BSG sa rŽŽdition par Dunod en 2004 (fac-similŽ de lĠŽdition de 1923, dĠaprs la XIVe Ždition allemande, 174 pages avec un texte de 1953), prŽface de Marc Lachize-Rey. WikipŽdia, dans la bibliographie de son article ÒAlbert EinsteinÓ qualifie ce document dĠindŽmodable. Une traduction antŽrieure (1921) ŽditŽe Žgalement par Gauthier-Villars, prŽface dĠƒmile Borel, avait ŽtŽ faite par Mlle J. Rouvire (BSG) . Nous lĠavons consultŽe, elle est moins prŽcise.

[6] 147 pages dans la traduction de Solovine (voir note 5 ci-dessous), 91 dans lĠoriginal allemand (Ždition de 1920) ˆ la typographie plus condensŽe. LĠŽdition allemande de 1917 dont un exemplaire est ˆ la facultŽ des Sciences de Strasbourg ne comprend que 70 pages (appendice en moins ?).

[7] Le premier article sur la relativitŽ restreinte, datŽ de juin 1905, est intitulŽ ÒZur Elektrodynamik bewegter Kšrper Ó, et celui sur la relativitŽ gŽnŽrale, datŽ de mars 1916,ÓDie Grundlage der allgemeinen RelativitŠtstheorieÓ. Ces deux articles, ainsi que dĠautres contributions de Einstein, notamment celles de 1905, ont paru dans les Annalen der Physik ˆ Leipzig et sont tŽlŽchargeables sur le site de lĠInstitut fŸr Physik de lĠuniversitŽ dĠAugsbourg : http://www.physik.uni-augsburg.de/annalen/history/Einstein-in-AdP.htm.

[8] Galileo Galilei, Dialogue sur les deux grands systmes du monde, Deuxime journŽe, 1632 , Traduit de lĠitalien par RenŽ FrŽreux, Seuil, Collection Points, Sources du savoir, 1992, p. 316-317. Voir aussi WikipŽdia, art. RelativitŽ galilŽenne.

[9] CĠest au rappel de ces notions, et pour faire bien comprendre le point de dŽpart de la thŽorie de la relativitŽ, que Einstein consacre les quatre premiers chapitres de son Òpetit livreÓ.

[10] En fait lĠarticle original du Journal des Savants publiant lĠexpŽrience de RÏmer ne fournit pas cette vitesse. Elle est facile ˆ calculer ˆ partir des donnŽes publiŽes dans lĠarticle : 31 335 lieues/sec. LĠarticle nĠindique pas quelle lieue avait ŽtŽ utilisŽe, mais Ro‘mer utilise probablement la mme lieue que Picard avec lequel il a travaillŽ soit une lieue de 2282 toises du Ch‰telet. Celle-ci, dŽfinie en 1668 (v. WikipŽdia), vaut 1,949 m (4447,6 m pour la lieue). LĠessentiel pour RÏmer Žtait de dŽmontrer que la vitesse de la lumire Žtait finie, ce quĠil fit.

[11] Nous y restons aussi si la vitesse de la lumire est infinie (voir ci-aprs la Ç simultanŽitŽ È), ce que suppose la mŽcanique classique.

[12] Hendrik Anton Lorentz (1853-1928), physicien nŽerlandais, ne pas le confondre avec son a”nŽ Ludwig Lorenz (1829-1891), physicien danois, Žgalement spŽcialiste de lĠŽlectromagnŽtisme avec qui, para”t-il, il entretenait de mauvaises relations.

[13] A. Einstein :Ç Le principe de constance de vitesse de la lumire est naturellement contenu dans les Žquations de Maxwell È, art. des Annalen der Physik de septembre 2005, Ist die TrŠgheit eines Kšrpers von seinem Energieinhalt abhŠngig ?, traduction de Solovine dans A. Einstein, RŽflexions sur lĠŽlectrodynamique, lĠŽther, la gŽomŽtrie et la RelativitŽ, Trad. M. Solovine et M.A. Tonnelat Gauthier-Villars, 1972 liv. I, partie II.

[14] Les controverses sur la validitŽ de ces expŽriences (effet Allais) ne concernent que le dŽplacement dans lĠŽther : le Ç vent dĠŽther È.

[15] Albert Abraham Michelson (1852-1931) physicien dĠorigine allemande, Edward William Morley, savant amŽricain (1838-1923).

[16] La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽrale, chapitre IX.

[17] Autre sens du mot relativitŽ.

[18] Le texte du livre citŽ dĠEinstein dit exactement : Ç Les lois de la nature ont exactement la mme forme dans les deux cas È, les systmes en mouvement relatif ayant ŽtŽ citŽs antŽrieurement.

[19] ÒLa relativitŽ et lĠespaceÓ, texte dĠavril 1953 rajoutŽ dans les Žditions postŽrieures ˆ La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽrale.

[20] Voir plus loin les dŽveloppements sur lĠŽther.

[21] Ç La thŽorie de la relativitŽ restreinte est une cristallisation de la thŽorie des phŽnomnes ŽlectromagnŽtiques de Maxwell-Lorentz È (La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽrale) et dans le texte allemand : Ç Die spezielle RelativitŠtstheorie is aus der Maxwell-Lorentzschen Theorie der electromagnetischen Erscheinungen auskristallisiert È. Dans lĠarticle ÒfondateurÓ de juin 1905 Ç Zur Elektrodynamik bewegter Kšrper È, Einstein les nomme Žquations de Maxwell-Hertz. Il sĠagit bien entendu de la mme thŽorie.

[22] Sur lĠantŽrioritŽ du mŽmoire de PoincarŽ (1900) sur la question, reconnue par Einstein lui-mme, voir ma note ÒEinstein-ComplŽmentsÓ.

[23] ExpŽriences dites de la tour de Pise dont les conditions matŽrielles sont contestŽes. En fait, GalilŽe aurait fait rouler des boules de compositions diffŽrentes sur un plan inclinŽ (WikipŽdia).

[24] La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽrale, chapitre XIX.

[25] Les expŽriences les plus fines faites dans la deuxime moitiŽ du XX sicle nĠont pas montrŽ le moindre Žcart entre les deux masses (voir WikipŽdia art. Principe dĠŽquivalence).

[26] Nous avons lŽgrement modifiŽ la description de lĠexpŽrience par Einstein.

[27] Op. citŽ chapitre XX.

[28] Hermann Minkowski (1864-1909), mathŽmaticien allemand. Professeur au Polytechnicum de ZŸrich ; Einstein aurait du tre son Žlve, mais il sŽchait ses coursÉ Il dut recourir ˆ une collaboration avec Grossmann - condisciple mais bon Žlve – pour parvenir ˆ formuler les dŽveloppements mathŽmatiques de la thŽorie gŽnŽrale de la relativitŽ Žtablissant la gŽnŽralisation du principe de relativitŽ ˆ la gravitation (confŽrence de Balibar citŽe oplus haut)

[29] V. PoincarŽ, La science et lĠhypothse, pp. 66 et 67, et  p. 111 le caractre conventionnel du choix de lĠespace, euclidien ou non.

[30] Op. citŽ chapitre XXVIII.

[31] ConfŽrence de Jean-Philippe Uzan du 9 septembre 2008 ˆ lĠIAP.

[32] Michael Faraday (1791-1867) est lĠinitiateur de la notion de champ, op.citŽ chapitre XIX.

[33] Op. citŽ chapitre XIX pour ces citations.

[34] Le 25 novembre 1948 il Žcrivait ˆ Solovine : Ç Dans mon activitŽ scientifique je suis toujours entravŽ par les mmes difficultŽs mathŽmatiques qui me rendent impossible la confirmation ou la rŽfutation de ma ThŽorie gŽnŽrale relativiste du champ, bien que jĠai comme collaborateur un jeune mathŽmaticien trs fort. Je nĠen viendrai plus ˆ bout ; elle tombera dans lĠoubli et sera de nouveau dŽcouverte plus tard. CĠest ce qui est dŽjˆ arrivŽ ˆ beaucoup de problmes. È Lettres ˆ Maurice Solovine, Gauthier-Villars, 1956. Ses difficultŽs en mathŽmatiques lĠavaient conduit ˆ se faire aider par son ami Marcel Grossmann (1878-1936), mathŽmaticien hongrois, pour sa thŽorie de la relativitŽ gŽnŽrale, (voir WikipŽdia art. Marcel Grossmann). Hilbert a Žgalement collaborŽ aux dŽveloppements mathŽmatiques de la thŽorie gŽnŽrale.

[35] ÒÉon sĠimaginait que les corps ne bržlaient quĠen laissant dŽgager un principe insaisissable auquel on donnait le nom de phlogistiqueÓ, citation de L.J. ThŽnard in Le Robert, Paris 1983, art. Phlogistique.

[36] Voir lĠarticle de WikipŽdia ; lĠŽther.

[37] La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽrale, Chapitre XVI p.46 ˆ 49.

[38] Les Cahiers de Science et Vie, Einstein, Hors SŽrie, NĦ 16, Aožt 1993 p. 10-11.

[39] Ibid.

[40] Morley Žcrivit : Ç si il y a un mouvement relatif entre la Terre et l'Žther luminifre, il doit tre petit È, citŽ par WikipŽdia, art. ExpŽrience de Michelson-Morley.

[41] La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽrale, Chapitre XVI p.46 ˆ 49.

[42] Dayton C. Miller (1866-1941), physicien amŽricain. Ses expŽriences ont eu lieu en 1922-23. LĠarticle de la Review of Modern  Physics  o il annonait cette valeur du vent dĠŽther date de 1933.

[43] Thomas J. Roberts, An Explanation of Dayton MillerĠs Anomalous ÒEther DriftÓ Result, Illinois Institute of Technology, Chicago, IL. And Muons, Inc., Batavia IL., 14 octobre2006. http://arxiv.org/ftp/physics/papers/0608/0608238.pdf

[44] Voir WikipŽdia art. Effet photoŽlectrique.

[45] Incipit du Prix Nobel.

[46] Les Cahiers de Science et Vie, Einstein, Hors SŽrie, NĦ 16, Aožt 1993 , p. 60, note 23.

[47] Aprs 1905.

[48] ConfŽrence du 20 mai 1920 citŽe plus haut.

[49] CĠest nous qui soulignons.

[50] La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽrale, Gauthier-Villars, 1923, op. citŽ, Appendice. LĠexpŽrience de Pound et Rebka ˆ Harward en 1960 a vŽrifiŽ cette prŽdiction. Voir Jean Claude Boudenot, Comment Einstein a changŽ le monde, EDP Sciences ƒditions, 2005.

[51] Edwin Powell Hubble (1889-1953), astronome amŽricain.

[52] Pour les corps en mouvement elles sĠappliquent ˆ des mouvements rectilignes et uniforme - ˆ vitesse constante - ou pratiquement tels.

[53] Op. citŽ chapitre XX.

[54] Jean Claude Boudenot, Comment Einstein a changŽ le monde, EDP Sciences ƒditions, 2005, p.11.

[55] Il sĠagit de la traduction de Mlle Rouvire, et non de celle de Solovine.

[56] ƒmile Borel (1871-1956), mathŽmaticien franais.

[57] Alexis Claude Clairaut (1713-1765), mathŽmaticien franais.

[58] Voir WikipŽdia, art. aberration de la lumire.

[59] Clairaut, Sur la manire la plus simple dĠexaminer si les ƒtoiles fixes ont une parallaxe, Histoire de lĠAcadŽmie royale des Sciences, AnnŽe 1739, Imprimerie royale, Paris, 1741, p. 359. Le phŽnomne de lĠaberration, dŽcouvert par James Bradley (1693-1762) en 1725, est expliquŽ par Einstein par la thŽorie de la relativitŽ, Sur lĠŽlectrodynamique des corps en mouvement, Annalen der Physik, 1905, ¤ 7, et RŽflexions sur lĠŽlectrodynamique, lĠŽther, la gŽomŽtrie et la RelativitŽÓ, Gauthier-Villars, 1972, Livre I., Partie II ¤ 7.

[60] Franois Arago (1786-1853), astronome franais.

[61] Boudenot, op. citŽ p.96.

[62] CitŽ par Christian Bracco, confŽrence sur la relativitŽ, ENS, 12 mai 2005.

[63] Boudenot, op. citŽ p. 97.

[64] Dans La science et lĠhypothse (1902) p.109 PoincarŽ qualifiera de Ç commode È la gŽomŽtrie euclidienne.

[65] Ibidem op. citŽ p. 97.

[66] Ibidem p. 97.

[67] Ibidem p. 98

[68] Ibidem p. 98

[69] Ibidem p.98. DŽjˆ en 1888, Mach avait Žcrit : Ç Nul nĠest en mesure de faire des prŽdictions concernant lĠespace absolu et le mouvement absolu ; ce sont de pures choses de la pensŽe de pures constructions mentales qui ne peuvent tre produites par lĠexpŽrience. Tous nos principes de mŽcanique ne sont quĠune connaissance expŽrimentale concernant les positions et les mouvements relatifs des corps. È CitŽ par Les Cahiers de Science et Vie, Einstein, Hors SŽrie, NĦ 16, Aožt 1993 p. 53.

[70] Ibidem p.99.

[71] CitŽ par Jean Hladik Comment le jeune et ambitieux Einstein sĠest appropriŽ la relativitŽ restreinte de PoincarŽ, 2004 p.73 et sq.. Quant aux antŽrioritŽs de Lorentz, Hladik, p. 62 et sq. indique que celui-ci, dans une confŽrence faite ˆ  lĠuniversitŽ de Columbia en 1906 reconna”t que Woldemar Voigt (1850-1919), physicien allemand,  avait publiŽ en 1887 une transformation Žquivalente ˆ celle des formules dites de Lorentz mais ajoute Ç ˆ mon grand regret cette publication a ŽchappŽ ˆ mon attention È.

[72] DŽjˆ prŽsentŽ comme loi de relativitŽ dans La science et lĠhypothse p. 96. Mais il sĠagit en fait du principe de relativitŽ appliquŽ ˆ la cinŽmatique et exposŽ par GalilŽe dans Le dialogue sur les deux grands systmes du monde (1632). Son rappel par PoincarŽ, qui ne cite pas GalilŽe, ne suffirait pas ˆ faire de lui lĠinventeur de la RelativitŽ. Cependant (voir ci-aprs), lĠarticle dit de Palerme dŽveloppe bien une formulation mathŽmatique de la thŽorie de la relativitŽ restreinte.

[73] PoincarŽ, Sur la dynamique de lĠŽlectron, Compte rendu de lĠacadŽmie des sciences, SŽance du 5 juin 1905, T. CXL, p.1505 . Vers la fin de sa vie, PoincarŽ Žcrit que le principe de relativitŽ, sous sa forme ancienne, a ŽtŽ remplacŽ par le Ç principe de relativitŽ de Lorentz È, Dernires pensŽes, p. 24 in chap. II, LĠespace et le temps, et dans le mme recueil, p. 70, chap. VI, LĠhypothse des quanta, il Žvoque Ç La mŽcanique de Lorentz È.

[74] InterprŽtation personnelle.

[75] Henri PoincarŽ, La dynamique de lĠŽlectron, SupplŽment aux Annales des Postes, TŽlŽgraphes et TŽlŽphones, Dumas Žd., Paris, mars 1913. La bibliothque Sainte Genevive en dŽtient un exemplaire. PoincarŽ, opŽrŽ le 9 juillet 1912 mourut le 17.

[76] CĠest prŽcisŽment en 1912 que lĠŽcole abandonna le qualificatif de Ç professionnelle È.

[77] Titre presque Žponyme de la  note citŽ ci-dessus (n.19) qui nĠa que quatre pages, alors que le compte-rendu des confŽrences, rŽdigŽ par un Žlve, publiŽ en 1913 aprs la mort de PoincarŽ dans les Annales des Postes, TŽlŽgraphes et TŽlŽphones et non relu par lui, est beaucoup plus dŽveloppŽ, et en comporte quarante-sept.

[78] Nous nĠavons trouvŽ quĠune fois le nom dĠEinstein dans un texte de PoincarŽ, ˆ propos de ses travaux sur le rayonnement lumineux, in. Dernires pensŽes, p. 91, chap. VII, Les rapports de la matire et de lĠŽther.

[79] Jean Baptiste Pomey (X 1879 -   1861 - 1943) fut directeur  de lĠƒcole supŽrieure des Postes et TŽlŽgraphes de 1924 ˆ 1926.

[80] PrŽcision donnŽe par lĠarticle dĠAnatoly Logunov

[81] PoincarŽ H., Sur la dynamique de lĠŽlectron, in Rendiconti del Circolo Matematico di Palermo, XXI, p. 129-175 et aussi PoincarŽ H., Îuvres Tome IX p.494-550.

[82] En 1984 (traduction franaise de 2000), le mathŽmaticien russe Anatoly Logunov, commentant les textes de 1905-1906 de PoincarŽ, parvenait ˆ une analyse technique semblable mais ˆ des conclusions plus partisanes en faveur de PoincarŽ. v. http://www.annales.org/archives/x/poincare.html

[83] Voir ci-dessous un extrait des Lettres ˆ Solovine.

[84] DŽsignŽes aussi par lui comme Žquations de Maxwell-Hertz. Plus tard il citera les Žquations de Maxwell-Lorentz.

[85] Notons encore que dans les confŽrences de 1912 de PoincarŽ lĠŽther est citŽ 18 fois. PoincarŽ nĠa jamais abandonnŽ la notion dĠŽther (v. le chapitre VII des Dernires pensŽes citŽ plus haut).

[86] Au ¤ 9, il Žcrit : Ç ÉCes Žquations sont le fondement ŽlectromagnŽtique de lĠŽlectrodynamique  et de lĠoptique des corps en mouvement de Lorentz È. Dans une note insŽrŽe dans les Žditions ultŽrieures - notamment dans la traduction par Solovine en 1925 (Gauthier Villars) de lĠarticle fondateur de juin 1905 - (et aussi dans ÒRŽflexions sur lĠŽlectrodynamiqueÉÓ , op.citŽ) il dŽclare avoir ignorŽ ˆ lĠ Žpoque de lĠŽdition de juin 1905 le mŽmoire de H.A. Lorentz Electrodynamic phenomen in a system moving with an velocity smaller than that of light, Proceedings acad. Sc. Amsterdam t. V-1904, p.809, dont il donne seulement alors la rŽfŽrence.

[87] La thŽorie de Lorentz et le principe de rŽaction, Archives nŽerlandaises  des sciences exactes  et naturelles 5 : 252-278, 1900. http://fr.wikisource.org/wiki/La_thŽorie_de_Lorentz_et_le_principe_de_rŽaction

[88] Boudenot, op. citŽ p.46.

[89] Das Prinzipen von der Erhaltung der Schwerpunksbewefgung und die TrŠgheit der Energie, Ann. d. Phys., 20, 1906, p.627. Trad. dans Boudenot op. citŽ p.49.

[90] WikipŽdia art. ÒControverse sur la paternitŽ de la relativitŽÓ. LĠarticle est trs documentŽ et semble objectif.

[91] Ç JĠai pu voir plus tard dans le MŽmoire de PoincarŽ quĠen procŽdant plus systŽmatiquement jĠaurais pu atteindre une plus grande simplification encore. Ne lĠayant pas remarquŽ, je nĠai pas rŽussi ˆ obtenir lĠinvariance exacte des Žquations; mes formules restaient encombrŽes de certains termes qui auraient dž dispara”tre. Ces termes Žtaient trop petits pour avoir une influence sensible sur les phŽnomnes et je pouvais donc expliquer lĠindŽpendance du mouvement de la terre que les observations avaient rŽvŽlŽe, mais je nĠai pas Žtabli le principe de relativitŽ comme rigoureusement et universellement vrai. PoincarŽ, au contraire, a obtenu une invariance parfaite des Žquations de lĠŽlectrodynamique, et il a formulŽ le Ò postulat de relativitŽ Ó, termes quĠil a ŽtŽ le premier ˆ employer. È Deux mŽmoires de Henri PoincarŽ dans la Physique mathŽmatique, in Acta matematica, XXXVIII, 1921, page 298, et aussi Henri PoincarŽ, Oeuvres, tome XI, pages 251-252, Gauthier-Villars Žd. Paris 1956, citŽ par Logunov.

[92] Ibid. note 41.

[93] Sobral-La Preuve http://www.planetastronomy.com/articles/sobral-preuve.htm

[94] Les Cahiers de Science et Vie, Einstein, Hors SŽrie, NĦ 16, Aožt 1993.

[95] Annalen der Physik, vol . XXXV, 1911, p.898-908, traduction insŽrŽe dans lĠouvrage de Stephen Hawking Sur les Žpaules des gŽants.

[96] Lettres ˆ Maurice Solovine, Gauthier-Villars, 1956.

[97] Voir WikipŽdia, articles David Hilbert, ƒquation dĠEinstein et Controverse sur la paternitŽ de la RelativitŽ.

[98] Outre le petit livre de 1916 sur la relativitŽ citŽ au dŽbut, il publia, en collaboration avec Leopold Infeld, un ouvrage ŽlŽmentaire en anglais, traduit par Solovine rŽŽditŽ en 1983 par Flammarion : LĠŽvolution des idŽes en physique.

[99] La thŽorie de la relativitŽ restreinte et gŽnŽrale, trad. Solovine, Gauthier-Villars, 1923, Chap. XXXII.

[100] ConfŽrence de Jean Philippe Uzan du 9 septembre 2008 ˆ lĠInstitut dĠAstrophysique de Paris (UAP).

[101] WikipŽdia art. Anomalie Pioneer. Quant ˆ lĠeffet Sagnac montrŽ par une expŽrience interfromtrique rŽalisŽe en 1913 sur deux rayons lumineux parcourant en sens inverse un trajet circulaire autour dĠun disque en rotation qui conduit ˆ un Žcart des vitesses entre eux, il ne met pas en cause la relativitŽ comme lĠa montrŽ Langevin (voir Michel Paty, Paul Langevin (1872-1946), la relativitŽ et les quanta, Bulletin de la SociŽtŽ Franaise de Physique, nĦ 119, mai 1999, p.7). Remarquons que lĠexpŽrience de Sagnac sĠinspire dĠune situation dŽcrite dans le chapitre XXIII de lĠouvrage Òtous publicsÓ de Einstein de 1916 citŽ plus haut. AujourdĠhui les tŽlŽmesures laser dans les conditions appropriŽes introduisent un correctif Òeffet SagnacÓ.

 ƒric Gourgoulhon, RelativitŽ restreinte. Des particules ˆ lĠastrophysique, EDP Sciences, 2010, et du mme confŽrence du 14 juin 2010 ˆ lĠObservatoire de Paris, a prŽsentŽ une approche quadridimensionnelle [vectorielle] -dans le cadre de lĠespace temps de Minkoswki - ÒgŽnŽralisantÓ la relativitŽ restreinte ˆ un observateur non inertiel (accŽlŽrŽ ou en rotation). Cette thŽorie avait dŽjˆ ŽtŽ exposŽe en  1956 par J. L. Synge : Fully geometrical exposure of special relativity. Elle conna”t des applications pratiques notamment dans les gyroscopes ˆ effet Sagnac utilisŽs aujourdĠhui en navigation aŽrienne.

[102] Toute accusation de plagiat de la part dĠEinstein nous para”t relever dĠune pure affabulation. Les auteurs de la confŽrence de mai 2005 ˆ lĠENS citŽe plus haut dŽclaraient que Einstein, Lorentz et PoincarŽ auraient mŽritŽ tout trois le prix Nobel pour leur contribution ˆ la thŽorie ; cĠest aussi lĠavis de Thibault Damour, de lĠacadŽmie des sciences, spŽcialiste de la relativitŽÉ

[103] Albert Einstein, Lettres ˆ Maurice Solovine, traduction Solovine, Gauthier-Villars, 1956.

[104] CĠest lĠÒAcadŽmie Olympia Ó ?

[105] Comme on lĠapprenait encore en France en 1943.

[106] Immeuble construit en 1902 situŽ ˆ gauche en montant au carrefour de la rue de la Glacire.